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Le Diplôme national d'œnologue fête ses 70 ans

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Le Diplôme national d’œnologue (DNO) célèbre en 2025 ses 70 ans d’existence. Véritable pilier de la profession, il reste la référence académique au service de la viticulture moderne. A l’université de Bordeaux, ce diplôme unique est délivré par l’Institut des sciences de la vigne et du vin, établissement reconnu à travers le monde pour l’excellence de sa formation et de sa recherche en œnologie et dédié à relever les défis de l'industrie du vin de demain.

Photo : Vignes de l'ISVV © Gautier Dufau
Vignes de l'ISVV © Gautier Dufau

L’histoire du DNO trouve ses racines dans les années 1950, une époque où le rôle de l’œnologue dans la viticulture devient primordial. Si le terme « œnologue » est utilisé depuis le XIXe siècle, la reconnaissance de cette profession est rendue nécessaire par des enjeux sanitaires et technologiques de plus en plus complexes, notamment lors de débats houleux sur l’usage de produits comme le ferrocyanure de potassium dans la clarification des vins pour éliminer le fer. En 1955, une loi inaugure la création du Diplôme national d'œnologue dans le but de réglementer la profession et de créer une figure d'expert scientifique et technique, garant des pratiques œnologiques au sein de la viticulture.

Aujourd’hui, le DNO est un programme de formation bac +5 qui offre un grade de master délivré par 7 centres en France, dont cinq universités (Bordeaux, Dijon, Montpellier, Toulouse et Reims), et deux écoles d’ingénieurs (Toulouse INP) et (Institut Agro Montpellier). « Le diplôme délivré par l'Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV) est très plébiscité par les étudiants du monde entier. On peut dire que Bordeaux c’est un peu la Mecque en la matière, juste après l’université de Davis en Californie » plaisante Pierre Louis Teissedre, professeur en œnologie et responsable de cette formation. À l’ISVV, 60 étudiants sont recrutés tous les ans en première année (sélectionnés parmi les 250 candidatures) majoritairement à bac + 3 ; ingénieurs, professionnels en formation continue ou encore stagiaires dans le cadre d’une VAE sont également éligibles. Une promotion compte entre 15 à 20% d’étrangers. « Depuis 2022, nous avons ouvert la formation à l’apprentissage, cursus choisi par 50% des étudiants en 2024 versus 30% au départ. Cette formule favorise une immersion totale dans le monde professionnel, un atout supplémentaire pour les futurs œnologues. J’ajoute que le taux d’insertion des étudiants après l’obtention du DNO à l’ISVV est proche de 92%, dont près de 10 % en poursuite d’études », se félicite-t-il.
 

Qu’est-ce qu’un œnologue ?

L’œnologue est un expert du vin et joue un rôle clé dans sa fabrication. De "médecin du vin", il devient un "prescripteur" de qualité, en supervisant toutes les étapes de la production, de la vigne jusqu’au verre. Il permet de révéler et de mettre en valeur les arômes, les goûts, les cépages et les terroirs. L’œnologue maîtrise les aspects techniques et sensoriels du vin, de sa culture à sa dégustation. Son rôle est essentiel pour aider les viticulteurs à produire des vins de qualité, en s'assurant que chaque étape respecte les normes et révèle le meilleur du produit final.

Un diplôme en phase avec les évolutions de la filière et de l’environnement

« Face à l’évolution du marché, du commerce, du négoce et en réponse aux besoins accrus de nouvelles compétences en dégustation et analyse sensorielle, nous avons adapté le DNO et instauré une réforme en 2021. Des unités d’enseignement dédiées, des projets tutorés en partenariat avec des entreprises du secteur, et un stage obligatoire de quatre mois en seconde année sont désormais instaurés », explique Pierre-Louis Teissedre. « Sans oublier que l’œnologue d’aujourd’hui doit savoir répondre aux attentes sociétales, climatiques, environnementales. Il doit connaître les productions alternatives et/ou certifiées, labellisées, comme l’agriculture biologique, les normes Haute Valeur Environnementale ou même le vin méthode nature », précise-t-il. 
À Bordeaux, l’accent est également mis sur l’interaction avec le terroir. Le diplôme propose un programme de mobilité entre différents centres de formation, permettant aux étudiants de découvrir des spécialités régionales comme le champagne à Reims, les biotechnologies œnologiques à Montpellier, ou encore les pratiques de vins durables à Dijon. Cet échange de connaissances entre régions viticoles permet aux étudiants de se confronter à la diversité des pratiques et des savoir-faire dans la production de vin.

Un diplôme à la pointe et au service de la viticulture internationale

Aujourd’hui les normes environnementales sont incontournables, tout comme la connaissance des nouvelles technologies. « Nous avons souhaité que tous les sujets soient abordés, la désalcoolisation des vins, les nouvelles technologies, sans trop rester axé sur le conventionnel et la France. Des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande se sont lancés dans des technologies très en pointe. Si demain, un jeune œnologue souhaite partir vinifier au bout du monde, il doit savoir comment travaillent ces exploitations-là. L’ensemble de ces compétences sont prises en compte dans la formation du DNO » déclare le responsable. À cet égard, en moyenne, un tiers des étudiants part en stage à l’étranger, une ouverture internationale essentielle pour ces futurs professionnels. La reconnaissance du DNO à l’international, notamment au sein de l'Union Internationale des Œnologues, est également un gage de sa pertinence et de la qualité de la formation dispensée. Ce réseau mondial permet aux diplômés de travailler partout dans le monde, où qu’ils soient appelés à développer des compétences techniques, commerciales ou de conseil.

Un avenir sous le signe de l’innovation

À 70 ans, le DNO se projette vers l'avenir avec des objectifs clairs : renforcer la formation professionnelle face aux enjeux climatiques et environnementaux, intégrer de nouvelles technologies, et garantir que les œnologues de demain soient des experts capables de répondre aux défis contemporains du secteur vitivinicole. De plus, la place grandissante de la durabilité et de l’intelligence artificielle dans les pratiques de production impose une adaptation constante des formations. Le DNO, plus que jamais, reste un gage de qualité et de compétence, un outil indispensable pour répondre aux exigences d’un monde vitivinicole en perpétuelle évolution.

Cet anniversaire a été célébré à l’occasion de plusieurs événements, dont l’ŒnoAgora, organisée par l'Union des Œnologues de France en mai dernier. D’autres manifestations, nationales et internationales, auront lieu d’ici la fin de l’année 2025.

Petite histoire de la formation en œnologie à Bordeaux…

En 1956, l’École supérieure d'œnologie est créée pour former les premiers œnologues. Elle devient une composante de l’université Bordeaux 2 en 1971, sous le nom d'Institut d'Œnologie. L’établissement se développe au fil des années sous la direction de grands professeurs : Pascal Ribereau-Gayon (1977-1997), Yves Glories (1997-2005), Bernard Doneche (2005-2012) et Gilles de Revel (2012-2014). En 1995, l’Institut prend le nom de Faculté d'Œnologie. En janvier 2009, elle intègre le nouveau bâtiment de l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin Bordeaux Aquitaine (ISVV), devenu un véritable « Œnocampus » pluridisciplinaire. La faculté d'œnologie rejoint officiellement l'ISVV en janvier 2014, dans le cadre de la fusion des universités bordelaises. 
Pierre Louis Teissedre est responsable du DNO depuis 2010.

J'ai choisi d'intégrer l'Institut de la vigne et du vin de l'université de Bordeaux pour effectuer un Master vigne et vin, spécialité viticulture, puis mon Diplôme d'œnologue. 

J'ai passé quatre années à l'ISVV qui m'ont permis d'atteindre mes objectifs de compétences. Étudier à l'ISVV est une chance ; la richesse des formations et l'attention et l'implication des professeurs envers leurs étudiants sont un atout pour entrer dans le milieu professionnel. 

Aujourd'hui, je suis double active puisque j'occupe un poste d'œnologue conseil à la Chambre d'agriculture et j'ai également repris, aux côtés de ma sœur, l'exploitation familiale dans le vignoble de Cognac.

Adèle Magnié, diplômée du DNO