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«La bibliothèque universitaire est le lieu dans lequel on devient étudiant»

Mise à jour le :

Jérôme Poumeyrol a été nommé directeur de la documentation de l’université de Bordeaux en janvier 2025. Entouré d’une équipe de direction de huit personnes, il veille au bon fonctionnement des bibliothèques universitaires réparties sur l’ensemble des campus et pilote les services qu'elles proposent. Une mission en constante évolution.

Photo : Les bibliothèques universitaires de l'université de Bordeaux sont toujours très plébiscitées par l'ensemble des étudiantes et des étudiants, quelques soient les formations  ©Université de Bordeaux
Les bibliothèques universitaires de l'université de Bordeaux sont toujours très plébiscitées par l'ensemble des étudiantes et des étudiants, quelques soient les formations ©Université de Bordeaux

« Les bibliothèques universitaires ce sont d’abord des lieux inscrits dans le paysage universitaire ; ce sont ensuite des centaines de milliers de documents imprimés et numériques, et enfin ce sont des services mis en œuvre par des professionnels pour les publics. L’équilibre entre ces trois pôles est essentiel pour garantir nos missions : soutenir l’enseignement et l’acquisition des connaissances, appuyer la recherche en diffusant les savoirs et l'innovation, préserver et transmettre le patrimoine scientifique et culturel, décrypter et comprendre l’information qui nous entoure » affirme Jérôme Poumeyrol. En charge des bibliothèques universitaires et de l’information scientifique à l’université de Bordeaux depuis le 1er janvier 2025, il était précédemment responsable du service du soutien à la recherche, l’un des cinq services que comprend la Direction de la documentation avec celui des collections documentaires, celui des publics, celui des formations documentaires et enfin celui de la coopération de site (système d’information documentaire et patrimoine).

« Notre université compte 15 BU (bibliothèques universitaires) réparties sur les campus et 14 bibliothèques dites associées qui, elles, relèvent des structures de recherche. La Direction de la documentation rassemble 150 personnels et 50 emplois étudiants. Notre défi collectif est d’assurer une équité d’accès aux services sur tous les campus et d’être en mesure d’offrir des prestations de qualité sur site comme à distance » poursuit -il.

Mon rôle est de garantir la qualité de l’ensemble des services en restant dans une dynamique qui correspond aux besoins et aux usages de tous les publics, qu’ils soient étudiants, enseignants, chercheurs ou simples citoyens

Jérôme Poumeyrol, directeur de la Documentation de l'université de Bordeaux

Au fil des années, les réhabilitations successives des bâtiments ont permis de repenser les espaces pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs. Des zones silencieuses pour les révisions, des espaces conviviaux pour les travaux de groupe, des cabines individuelles, des espaces d’apprentissage numérique… Aujourd'hui, toutes les salles sont réservables en ligne et occupées en permanence. Les bibliothécaires, toujours à l'écoute et dans leur époque, s'adaptent aux usages des différentes générations d'étudiants qui arrivent sur les campus en même temps que les révolutions technologiques successives. « Il est certain que l'impact du numérique soulève de nouvelles interrogations sur nos métiers, affirme Jérôme Poumeyrol, mais les bibliothécaires ont toujours su évoluer en fonction des nouvelles technologies et des besoins de médiation qu’elles génèrent. Avec 140 000 prêts par an, les livres restent des objets incontournables et toujours consultés par les étudiants, mais ce chiffre est à mettre en regard avec les 2 millions de téléchargements de documents numériques. Notre politique documentaire doit donc s’appuyer sur des données d’usages précises pour rester en constante adaptation. »

S’adapter aux usages

Penser des usages variés reste une nécessité, à l’instar de la toute nouvelle BU de Station Marne, une bibliothèque sans livres physiques, mais pas sans documentation. Cet « espace de savoir » est entièrement dédié à l’accès et à l’apprentissage du numérique et offre également un point de retrait pour des ouvrages venant d’autres BU grâce à une navette inter-bibliothèques par véhicule électrique.  

Ce service de clic et collecte, parmi d’autres innovations à succès, avait été conçu pour répondre au besoin de documentation pendant la pandémie de Covid-19, il a rapidement séduit étudiants et enseignants-chercheurs. Autre service plébiscité, BU Tchat qui, avec un réseau de 40 personnes formées, permet de répondre en ligne aux questions des usagers du matin au soir mais aussi par mail. « Derrière l’interface de dialogue ce sont des humains et non une IA ce qui surprend parfois notre public » tient à préciser le directeur, les informations délivrées sont très diverses et les questions posées constituent pour nous une précieuse ressource sur les attentes et les besoins de nos publics. Cette 16e BU comme on aime parfois le dire allie l’efficacité d’un service numérique et les compétences des bibliothécaires, 2700 réponses ont été apportées en 2023. »

Les bibliothèques universitaires jouent un rôle clé dans le monde académique et scientifique

L’objectif principal de Jérôme Poumeyrol est de consolider les missions incontournables d’accès à l’information scientifique et pour cela, il est crucial d’avoir une connaissance fine des publics, en menant des enquêtes, des focus groupes et en analysant les indicateurs d’usage. « L’enjeu est d’optimiser nos moyens tout en préservant la qualité de nos services, un équilibre délicat mais nécessaire. Nous sommes comptables des trois millions d’euros dépensés annuellement pour les achats d’ouvrages et les abonnements numériques », déclare-t-il. Son second objectif et de faire mieux connaître le rôle essentiel des bibliothèques universitaires pour l’université de Bordeaux. Dans tous les sujets majeurs portés par l’établissement, les bibliothèques universitaires sont impliquées : bien-être étudiant et réussite étudiante, enjeu environnemental et transitions, science ouverte et science avec et pour la société, mais aussi décryptage de l’information et plus récemment intelligence artificielle.

Poursuivre les chantiers

Après avoir mené les programmes de restructuration de la BU Santé puis de la BU Droit-Lettres et l’ouverture de deux nouvelles BU sur le campus Périgueux et à Station Marne, la priorité est désormais d’améliorer les espaces d’accueil et d’étude d’autres structures, comme la BU des Sciences et techniques, pour répondre aux pratiques actuelles et à venir des étudiants. Côté appui à la recherche, la priorité reste évidemment la poursuite des actions en faveur de la science ouverte. « Les résultats sont encourageants : la quasi-totalité des 450 thèses soutenues chaque année sont en accès ouvert sur le web, 77% des articles publiés en 2024 par nos chercheurs sont également accessibles en ligne contre 39% en 2018. Maintenant, l’enjeu porte sur la bonne gestion et le signalement des données de recherche », indique Jérôme Poumeyrol.
Quoi qu'il en soit, l’avenir ne semble pas inquiéter le nouveau directeur qui a confiance dans la capacité de ses équipes pour, encore une fois, s’adapter aux évolutions à venir.

« Nous nous préparons, comme d’autres services de l’université, à relever le défi de l'intelligence artificielle qui bouleverse déjà les pratiques de nos publics, et donc notre manière de travailler et de transmettre l'information. Nos métiers sont en constante évolution, il est essentiel d’accompagner les personnels dans la mise à jour de leurs compétences. La richesse principale de nos bibliothèques universitaires, ce sont les bibliothécaires. Sans leur expertise et la passion qui les anime, rien ne serait possible », souligne-t-il. « Mon souhait est de contribuer, avec l’ensemble des équipes, à ancrer encore davantage les bibliothèques universitaires dans le paysage académique, en renforçant notre rôle d’appui auprès de l’enseignement et de la recherche et pour le plus grand bénéfice de notre établissement ».

Les BU en chiffres

  • 4000

    places assises

  • 20 000 m2

    accessibles au public

  • 670 000

    documents imprimés

  • 137 000

    prêts

  • 2 millions

    de téléchargements

    de documents numériques

  • 5000

    thèses numériques en accès ouvert

    et 77% des publications des chercheurs en accès ouvert en 2024

  • 2,4 millions

    d'entrées en 2024 pour l’ensemble des BU

    950 000 entrées rien qu'à la BUDL (à titre de comparaison, le Bassin des Lumières - site touristique le plus fréquenté de Gironde - a comptabilisé 750 000 entrées)

  • 12

    dimanches ouverts par an

    amplitudes horaires et nombre de jours d’ouverture parmi les plus importants de France