Valérie Gabelica, la chimie en héritage

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Chimiste spécialiste de la spectrométrie de masse et directrice de l’Institut européen de chimie et de biologie (IECB - CNRS, Inserm et université de Bordeaux), Valérie Gabelica revendique l’indépendance scientifique et l’interdisciplinarité dont elle bénéficie à l’université de Bordeaux. Portrait.

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« J’ai choisi les sciences alors que les bons élèves faisaient du latin, mais j’ai toujours aimé la littérature » raconte Valérie Gabelica ! Elle grandit en Belgique dans un village de campagne aux côtés d’une mère professeure en école d’ingénieur et d’un père enseignant chercheur en chimie minérale. Un environnement scientifique qui sans aucun doute aura influencé sa carrière. « Même à la maison, nous étions entourés de minéraux, le hobby de mon père » se souvient-elle.

Valérie Gabelica part pour l’université de Liège où elle étudie la chimie, obtient un master puis doctorat.  « Faire de la recherche, c’était pour moi comme une évidence, je voulais contribuer à la science » explique-t-elle naturellement…. Elle se spécialise dans la spectrométrie de masse, technique physique d'analyse permettant de détecter et d'identifier des molécules d’intérêt par mesure de leur masse, et de caractériser leur structure chimique.

Dans un laboratoire de biophysique voisin, son compagnon travaille sur l’étude de molécules anticancéreuses se fixant à l’ADN. A eux deux ils décident d’explorer un nouveau champ scientifique : la spectrométrie de masse pour étudier les structures d’acides nucléiques et les interactions entre acides nucléiques et petites molécules. Après un post doctorat à l’Institute of Pharmaceutical Chemistry à Frankfurt en Allemagne, Valérie Gabelica intègre le Fond national de la recherche scientifique (FNRS) à Liège où elle est chargée de recherche. « J’avais un poste permanent mais pas vraiment la possibilité de faire ce que je voulais…c’est-à-dire monter une équipe sur mon sujet de prédilection » explique-t-elle.

« La recherche doit rester au centre de l’activité de l’université de Bordeaux »

C’est finalement en 2013 à Bordeaux que la jeune femme aura l’opportunité d’atteindre son objectif en créant et dirigeant l’équipe de recherche “Spectrométrie de masse des acides nucléiques et des complexes supramoléculaires” au sein de l’Institut européen de chimie de biologie (IECB)
« Je n’étais jamais venue à Bordeaux ; j’avais connaissance de collaborations scientifiques entre Bordeaux et Liège. Et j’ai été séduite par la perspective de m’installer dans une ville proche de la mer et de la montagne » raconte Valérie Gabelica, grande amatrice de ski et de randonnées.

Elle s’acclimate parfaitement dans son nouvel environnement et dès 2014 elle intègre le conseil de département de recherche science de la vie et de la santé de l’université de Bordeaux, « une opportunité de rencontrer des chercheurs de différents laboratoires. L’interdisciplinarité est une grande force ; toutes les interactions sont profitables. C’est une réelle motivation pour tous les chercheurs ».

En 2021, la jeune femme reprend la direction de l’IECB, succédant ainsi à Jean-Jacques Toulmé, Jean-Louis Mergny et Rémi Fronzes. Nommée à ce poste pour 5 ans, elle est déterminée à aller au front afin de continuer à faire vivre le laboratoire.  Son crédo ? L’indépendance scientifique. Chaque chef de projet a carte blanche. « Je souhaite que l’IECB continue à fonctionner comme un incubateur d’équipes projets, qui donne à d’excellents jeunes chercheurs la possibilité de monter une équipe en France. »

Malgré ses responsabilités de manageur, Valérie Gabelica reste une chercheuse dans l’âme et poursuit ses travaux. Elle obtient en 2021 le Prix Liliane Bettencourt pour les sciences du vivant, Fondation Bettencourt Schueller, et le prix Heinrich Emanuel Merk Award en avril 2022. Elle est également lauréate du prix Inserm remis le 6 décembre 2022.

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