Des professeurs de lycées en immersion à l’université

Quelques semaines après la rentrée universitaire, le département informatique de l’IUT de Bordeaux accueillait un groupe inattendu : cinq enseignants de lycées venus s’immerger dans l’environnement universitaire. Ce département fait partie des premiers à avoir volontiers adopté ce dispositif piloté par les équipes de la Mission d'appui à l'orientation et à l'insertion professionnelle (MAOIP), dans le cadre du projet ACCES. L’objectif ? Actualiser la vision des acteurs de l’enseignement secondaire et supérieur concernant la transition entre le lycée et l’université. Intitulé « IMmersion et Partage Pédagogique » (IMPP), ce dispositif permet donc aux professeurs du secondaire de découvrir les méthodes et les pratiques pédagogiques du supérieur, mais aussi aux enseignants de l’université d’actualiser leur vision des enseignements délivrés au lycée et des profils des lycéens d'aujourd'hui. 

Une immersion dans l’enseignement supérieur

Après un temps d’échange autour d’un café, les professeurs de lycées découvrent le fonctionnement du BUT informatique, les modalités de recrutement et les débouchés professionnels des formations. Pour Nicholas Journet, directeur adjoint du département informatique, cette journée de rencontre présente un réel intérêt pour ses équipes : « En tant que personnels de l’enseignement supérieur, on est confrontés au fait d’être un peu coupés du monde du secondaire. De ce fait, ce genre d’action d’immersion est indispensable. L’enseignement secondaire est confronté à des réformes récentes et importantes, et à des évolutions. Les élèves évoluent, notre discours doit donc évoluer lui aussi. On doit s’adapter à ces étudiants qui ne sont plus forcément les mêmes que ceux que nous avions il y a quelques années. Notre offre doit permettre aux lycéens de faire un choix éclairé. »

Les professeurs sont par la suite invités à s’installer aux côtés d’étudiants qui occupaient encore les bancs des lycées il y a seulement quelques mois, et à assister à une séance de travaux dirigés. Ce temps studieux en classe leur permet d’appréhender les attentes et les compétences développées dans le supérieur, en termes, notamment, de travail et d’investissement personnel, d’autonomie demandée dans la conduite des projets qui se déroulent tout au long de l’année, etc.

Des échanges enrichissants pour une pédagogie partagée

Cette journée d’immersion est également l’occasion pour les professeurs de lycée d’échanger avec des étudiants. Lors d’une table ronde, six étudiants témoignent des différences et similitudes constatées entre enseignements secondaire et supérieur. Ils répondent également aux questions des enseignants sur leur parcours scolaire, leurs premiers ressentis, leur objectif personnel à l'issue de trois ans d’études... Autant de sujets qui leur donnent mieux à voir et comprendre ce qu’implique le passage, souvent délicat et appréhendé, du lycée à l’université. Le parcours se termine par une séance de travaux pratiques et une présentation des SAé (Situation d'Apprentissage et d'évaluation), ces mises en situation qui demandent aux étudiants de mobiliser plusieurs ressources et compétences afin de résoudre une problématique donnée.

Préparer les élèves à la réussite dans le supérieur

Le dispositif IMPP s’inscrit dans la volonté de l’université de Bordeaux de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur et de renforcer les passerelles entre les établissements secondaires et universitaires. Pour Fabrice Sablier, professeur au lycée Lot et Bastides de Villeneuve-sur-Lot, la nécessité de créer ces passerelles entre lycées et universités est évidente : « Il faut que nous puissions parler le même langage et nous accorder sur des pratiques communes entre deux univers assez éloignés. Il me semble nécessaire de créer des relations entre les lycées et les établissements d’enseignement supérieur afin que nous puissions nous comprendre et répondre aux attentes et aux interrogations des élèves. » Le développement de ce type de dispositif participe aussi à l’ambition de déconstruire certains mythes sur l'université que les élèves peuvent avoir, pour leur montrer qu’il existe une réelle continuité entre deux univers ayant tout à gagner à développer des relations profondes.