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Stand Up For Science : Bordeaux mobilisé

Mise à jour le :

Face aux attaques de l’administration américaine contre les sciences et la recherche, d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale, des scientifiques du monde entier se mobilisent. L'appel du mouvement Stand Up For Science a été suivi par plus d'une centaine de personnes vendredi 7 mars devant l'université de Bordeaux, place de la Victoire.

Photo : Des milliers de scientifiques et de citoyens se sont rassemblés dans dix villes universitaires de France le 7 mars 2025 © université de Bordeaux
Des milliers de scientifiques et de citoyens se sont rassemblés dans dix villes universitaires de France le 7 mars 2025 © université de Bordeaux
Christel Chaineaud © université de Bordeaux
Christel Chaineaud © université de Bordeaux

« Le signal envoyé par le gouvernement Trump est extrêmement grave, parce qu’il remet en cause la place de la science dans nos sociétés, notamment le changement climatique alors qu’il est parfaitement documenté scientifiquement. Je suis historienne du droit et la résurgence de certains propos, l’effacement de certaines données scientifiques, la censure de la connaissance me rappellent des périodes sombres de l’Histoire et m’inquiètent profondément. »

Christel Chaineaud, chargée d’animation scientifique à Bordeaux Sciences Économiques

« Je suis venu de La Rochelle, où il n’y avait pas de rassemblement prévu aujourd’hui, car je n’imaginais pas rester seul devant mon ordinateur en ce jour de mobilisation. Lors d’échanges avec nos collègues américains il y a quelques semaines, ils nous confiaient leur inquiétude et nous demandaient, sur le ton de la blague, si on pourrait les accueillir en Europe. Mais aujourd’hui, ce n’est plus une blague, c'est une réalité. La situation impacte nos collaborations internationales mais, au-delà, nos démocraties qui ont besoin d’une recherche libre et critique pour faire évoluer nos sociétés. »

Nicolas Becu, chercheur CNRS en géographie à l’Université de La Rochelle.

Nicolas Becu © université de Bordeaux
Nicolas Becu © université de Bordeaux
Aurélie Bugeaud © université de Bordeaux
Aurélie Bugeaud © université de Bordeaux

« Je m’intéresse particulièrement et profondément aux problématiques environnementales et celles liées à la justice sociale. Je tiens à soutenir les chercheurs américains qui sont censurés et dont les financements sont coupés sur ces questions qui sont, non seulement fondamentales, mais aussi urgentes. Cette situation, d’une telle ampleur, est vraiment préoccupante. »

Aurélie Bugeau, enseignante-chercheuse en informatique à l’université de Bordeaux

« Nous sommes rassemblés pour manifester la solidarité internationale de la communauté scientifique à l’égard des chercheurs américains qui subissent une censure drastique de l’administration Trump ; une censure qui pourrait gagner l’Europe si nous ne sommes pas suffisamment vigilants et mobilisés. Quand on s’attaque à la science, on s’attaque à un pilier de la démocratie. »

Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux

Dean Lewis © université de Bordeaux
Dean Lewis © université de Bordeaux
Héloïse Barathieu © université de Bordeaux
Héloïse Barathieu © université de Bordeaux

« J’étudie le climat et ses variations dans le passé, donc je me sens, bien sûr, particulièrement concernée par la remise en cause des données scientifiques sur le changement climatique. Mais cela nous concerne tous ! Nous sommes réunis pour alerter les Français sur ce qui se passe aux États-Unis, car je ne crois pas qu’on en entende suffisamment parler. »

Héloïse Barathieu, doctorante en paléoclimatologie au laboratoire EPOC

« Les récents changements politiques dans le monde entier prennent une nouvelle tournure avec cette attaque contre la liberté d’expression dans les sciences. Nous sommes mobilisés pour défendre notre travail qui consiste à étudier, se poser des questions et partager librement nos conclusions scientifiques. Je suis extrêmement inquiet. L’Histoire a déjà montré le chemin que prend l’obscurantisme pour s’imposer, et j’ai l’impression que les gens ne se rendent pas compte de ce qui est en train d’arriver. »

Jérémy Lésas, post-doctorant au Neurocentre Magendie

Jérémy Lesas © université de Bordeaux
Jérémy Lesas © université de Bordeaux
Isabelle Baladié et Mathilde Arino © université de Bordeaux
Isabelle Baladié et Mathilde Arino © université de Bordeaux

« Je suis venue soutenir les collègues américains. Il y a encore quelques semaines, je n’imaginais pas que la situation allait autant s’aggraver ; désormais, avec cette censure qui se diffuse et l’effacement pur et simple de données scientifiques, j’ai l’impression d’être dans "1984" de George Orwell, dans un monde où les avancées sociétales peuvent être balayées d’un revers de manche. »

« J’espère qu’il y aura suffisamment de garde-fous politiques et citoyens pour interrompre ce mouvement. Il est indispensable de se mobiliser maintenant. » 

Mathilde Arino et Isabelle Baladié, enseignantes au Département de mesures physiques de l’IUT de Bordeaux

Les sciences reposent sur un engagement collectif à faire de la recherche de la vérité un horizon commun. Leurs diverses disciplines, théories et méthodes concourent à éclairer la société, à surmonter les crises mais aussi à former les citoyennes et les citoyens à l’exercice de la démocratie comme pluralisme de rationalités en débat, par la transmission des savoirs et l’instruction des dissensus. L’une des conditions nécessaires pour la production et la transmission de la connaissance scientifique est la liberté et l’autonomie vis-à-vis de tout pouvoir.

L'appel de Stand Up For Science