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L'âge de voter : dépasser le droit de vote à 18 ans ?

Photo : crédit photo : ©grechsantos - Adobe Stock
crédit photo : ©grechsantos - Adobe Stock

À l’occasion du cinquantenaire de l’abaissement à 18 ans de l’âge de la majorité en France, un colloque pluridisciplinaire et international est organisé à l’université de Bordeaux le jeudi 19 septembre portant sur l'âge de voter.

2024 est l'année du cinquantenaire de la loi du 5 juillet 1974 fixant à dix-huit ans l’âge de la majorité, notamment électorale. À cette occasion, des chercheurs de l’université de Bordeaux organisent une journée d’études pluridisciplinaires autour du thème de la citoyenneté politique des jeunes (16-25 ans).

En effet, l’engagement politique de la jeunesse est un enjeu crucial pour les vieilles démocraties européennes comme pour la France qui peine à intégrer les jeunes populations aux institutions de la démocratie, centralement représentative et fondée sur le vote, expliquent Marion Paoletti, professeure de science politique à l’Institut de recherche Montesquieu (IRM) et Charles-Édouard Sénac, professeur de droit public au Centre d'études et de recherches comparatives sur les constitutions, les libertés et l'Etat (CERCCLE) de l’université de Bordeaux à l’initiative de cet événement. Le désengouement de la jeunesse pour la politique électorale, attestée par le fort taux d’abstention chez les 18-25 ans et la baisse du nombre de jeunes militants au sein des organisations politiques traditionnelles, est un phénomène désormais bien renseigné. Le rapport aux votes des plus jeunes, au-delà d’une intermittence croissante et variable selon le type de scrutin, est de plus en plus distancié en France : le vote n’est pas perçu comme un devoir, mais un droit qu’on exerce si le jeu en vaut la chandelle, précisent-ils. La sous-représentation dans les urnes des jeunes et des populations les moins diplômées rend manifeste la production par les démocraties occidentales de fortes inégalités électorales non seulement en fonction du statut socio-économique et culturel mais aussi de l’âge.
 

L’abaissement de l’âge rend-il la politique instituée plus désirable ?

Cette manifestation scientifique organisée le 19 septembre 2024 à Bordeaux sera centrée autour de plusieurs questions : faut-il abaisser l'âge de la majorité électorale ? Si oui, à quel âge ? À 16 ans comme en Autriche pour toutes les élections ou seulement certains niveaux (comme en Allemagne, Estonie, Royaume-Uni, Suisse, Belgique, Irlande du Nord), à 17 ans comme en Grèce ou privilégier le statut quo à 18 ans comme dans l’ensemble des autres pays européens ? Faut-il réserver cet abaissement au référendum (cas de l’Écosse pour le référendum de 2014) ?
Les intervenants français et étrangers s’interrogeront sur la pertinence de cette proposition d’abaissement au regard des comportements politiques actuels de la jeunesse (marquée par des clivages sociaux et culturels importants), entre rejet, indifférence, désenchantement, intermittence à l’égard de l'acte électoral, et surtout développement de comportements politiques non conventionnels, alternatifs, protestataires. Quelles seraient les conséquences et conditions de réussite d'un tel abaissement ?

La proposition de loi déposée en 2021 au Sénat (et trois à l’Assemblée Nationale), les rapports établis par le Conseil économique social et environnemental (CESE en 2022) ou le Conseil de l’Europe qui prennent position en sa faveur relèvent-ils d’une politique descendante en marge des attentes de la jeunesse ? L’abaissement de l’âge rend-il la politique instituée plus désirable ? Quelles sont les conditions de réussite d’un tel abaissement ? Quel lien proposer avec l’éducation à la citoyenneté (notamment telle qu’étudiée par des psychologues et des philosophes) ?

Ce sont toutes ces questions auxquelles vont s’intéresser des scientifiques issus de disciplines différentes : droit, philosophie, histoire, psychologie, science politique et sociologie. Cette journée vise d’ailleurs à enclencher une dynamique de recherche bordelaise sur le sujet avec l’université de Bordeaux, l’université Bordeaux Montaigne et Sciences Po Bordeaux. Seront présents également des porte-parole d’institutions nourrissant la réflexion ou ayant pris position (Conseil de l’Europe, CESE…) et d’organisations représentatives de la jeunesse (dont des associations étudiantes) dans une optique de transformation sociale.

Informations pratiques

Cette journée est ouverte à toutes et tous, chercheurs, étudiants, citoyens et/ou associations, en présentiel au Pôle juridique et judiciaire (PJJ), de l'université de Bordeaux (amphithéâtre Léon Duguit) place Pey-Berland à Bordeaux ou en distanciel par Zoom.

Télécharger le programme complet de la journée

Contact

  • Carole Bergerot

    Institut de recherche Montesquieu

    carole.bergerot%40u-bordeaux.fr

Localisation associée :

Pôle juridique et judiciaire (PJJ)
Amphithéâtre Léon Duguit
35 place Pey-Berland à Bordeaux