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Mise à jour le : 03/06/2024
Depuis 2019, près de 2000 étudiants bordelais ont été formés aux premiers secours en santé mentale. Désormais, les personnels de l’université de Bordeaux ont également accès à cette formation de deux jours prise en charge par l’établissement.
Le lien entre secourisme et santé mentale peut sembler, a priori, assez ténu. Pourtant, c’est bien la mission de l’association nationale Premiers secours en santé mentale (PSSM France) qui a déjà formé plus de 120.000 secouristes en France depuis sa création en 2018. Le projet est né en Australie il y a plus de 20 ans, à l’initiative d’une éducatrice et d’un professeur de médecine qui ont imaginé une formation généraliste de sensibilisation et d’assistance en santé mentale accessible à tous les citoyens. Aujourd’hui, 10% de la population australienne est désormais formée. En France, où une personne sur cinq déclare avoir déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique, l’association PSSM vise 750.000 secouristes formés à l’horizon 2030.
De passage à Bordeaux dans le cadre d’une tournée de présentation de cet objectif et de ses moyens d’action, l’association a choisi comme cadre l’université de Bordeaux, partenaire de la première heure - elle a servi de site pilote en 2019 avec trois autres universités françaises. Via l’Espace Santé Étudiants, près de 2000 étudiantes et étudiants ont déjà pu bénéficier de cette formation, comme Louis Berthou, étudiant en deuxième année de droit, devenu porte-parole d’un programme qui l’a profondément convaincu : « il ne se passe pas un mois sans que je mette en pratique ce que j’ai appris au cours de cette formation, dans mon entourage au quotidien, dans les soirées étudiantes... Je sais désormais ce qu’il faut dire, et ne pas dire, à quelqu’un qui ne va pas bien. Il ne s’agit jamais de poser un diagnostic – seul un professionnel en a, bien sûr, la capacité – mais il faut quand même ne pas avoir peur des mots et oser demander, par exemple, si une personne éprouve des pensées suicidaires. »
Au cœur de la méthode, l’absence de jugement. L’acronyme « AERER » permet aux secouristes de se remémorer facilement les différentes étapes du soutien apporté à une personne en souffrance : « Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager et Renseigner ». Florence Touchard, infirmière à l’Espace Santé Étudiants, rappelle que 75% des troubles psychiques émergent avant 25 ans, d’où l’intérêt d’intervenir auprès de la communauté étudiante, avant que le trouble ne soit trop profondément installé. « Les étudiants sont des jeunes qui découvrent l’autonomie, qui se retrouvent parfois isolés, loin de chez eux, mais c’est aussi une population qui a une capacité à aller vers l’autre, à créer du lien. Nous croyons beaucoup à ce programme de santé “communautaire” ; même s’il ne fait pas tout, c’est un outil parmi d’autres, comme les consultations gratuites avec un psychologue dont peuvent bénéficier les étudiants. »
Depuis quelques mois, les personnels de l’université peuvent également suivre cette formation. « 200 en ont déjà bénéficié », a détaillé Bernard Muller, vice-président de l’université en charge de la vie étudiante et de la vie de campus, qui a rappelé l’objectif prioritaire de l’établissement d’amélioration de la qualité de vie au travail et à l’étude par une multitude de dispositifs. Deux sessions sont encore accessibles avant la fin de l’année universitaire, sur les campus de Périgueux et d’Agen. Sur les autres sites de l’université, le programme reprendra à la rentrée, à un rythme soutenu, par groupes de 16 personnes, mêlant parfois étudiants et personnels. Au terme des 14h de formation, ces nouveaux et nouvelles secouristes sauront identifier et mieux appréhender « dépression, troubles anxieux, troubles psychotiques et troubles liés à l’utilisation de substances ; crises en santé mentale ; pensées et comportements suicidaires ; attaques de panique ; évènements traumatiques ; états sévères de psychoses ; effets sévères liés à l’utilisation de l’alcool et de substances toxiques. » L’association PSSM France espère, de son côté, convaincre prochainement les pouvoirs publics d’ériger cet enjeu en « grande cause nationale ».