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Filles et sciences : briser les barrières

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Le dispositif «Moi informaticienne, moi mathématicienne» (MIMM) est né au printemps 2019 à l’université de Bordeaux pour attirer les jeunes filles dans ces deux filières où elles sont historiquement sous-représentées. Cette année encore, une équipe d’enseignants-chercheurs s’est mobilisée pour accueillir, pendant quatre jours, 72 élèves venues des quatre coins de l’ancienne région Aquitaine. Chantal Menini, maîtresse de conférences en mathématiques, raconte cette aventure pédagogique exceptionnelle.

Photo : © Hugues Bretheau
© Hugues Bretheau

En quoi consiste le dispositif «Moi informaticienne, moi mathématicienne» ?

Chantal Menini : Le but est de convaincre les jeunes filles qu’elles ont tout à fait leur place dans des études supérieures d’informatique ou de mathématiques, des filières où leur présence ne dépasse pas 30% des effectifs – voire, à certains niveaux de diplôme, guère plus de 10%. Pendant quatre jours, elles assistent à des conférences de présentation de ces études et des métiers sur lesquels elles peuvent déboucher, elles participent à des ateliers de maths et d’informatique, visitent le centre Inria de l’université de Bordeaux, rencontrent des étudiantes et des professionnelles qui partagent leur expérience… Depuis 2023, la moitié de ces jeunes filles sont hébergées en internat, ce qui leur permet de venir de loin. Car les entraves ne sont pas seulement liées au genre féminin mais aussi au milieu socio-économique d’origine et à l’éloignement géographique des villes universitaires.

Vous accueillez des élèves de troisième et de seconde : pourquoi cet âge-là spécifiquement ? 

C.M. : C’est une vraie question. Ce n’est pas évident de déterminer le meilleur moment auquel il faut agir. Mais il nous a semblé qu’avant cet âge, il y avait moins ce biais, cette réticence à aller vers les sciences quand on est une fille ; et puis c’est à cet âge que se font les premiers choix importants en matière d’orientation : en seconde, les élèves doivent choisir les spécialités qu’ils étudieront en première et qui vont conditionner la suite de leur parcours. Malheureusement, la réforme du bac en 2020, en retirant les maths du tronc commun, a eu des conséquences extrêmement néfastes sur la présence des filles dans les cursus scientifiques. Les sociétés savantes l’avaient anticipé, et c’est malheureusement arrivé. Mais on ne baisse pas les bras. 

Qui organise cet événement annuel et comment est-il financé ?

C.M. : Le projet est porté par une équipe de six enseignants-chercheurs et chercheuses de l’université de Bordeaux, aidés par deux secrétaires de l’unité de formation de mathématiques. Pendant la semaine où elles sont accueillies, les élèves sont encadrées par des étudiantes, donc des jeunes femmes à peine plus âgées qu’elles, dont elles peuvent se sentir proches et qui les aident à se projeter. Nous employons aussi des étudiantes pour encadrer les participantes qui sont en internat. Quant au financement de l’opération, il nous inquiète un peu. C’est la dernière année où nous sommes accompagnés par le programme ACCES. Nous profitons par ailleurs du soutien de nos unités de formation et de nos laboratoires de recherche, nous répondons à des appels à projets et nous sommes soutenus par une entreprise privée, Thermo Fisher. Nous aimerions trouver une solution pour pérenniser ce financement, car il serait vraiment dommage de revoir le projet à la baisse.