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Devenir « veilleur de vie »
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Chaque année, 2000 patients en France dépendent d’une greffe de moelle osseuse, mais la compatibilité entre donneur et receveur reste exceptionnelle hors du cercle familial. Pour répondre à cette urgence médicale, le laboratoire d’Immunologie et immunogénétique du CHU de Bordeaux et l’association des Carabins de l’université de Bordeaux se mobilisent pour sensibiliser les jeunes au don de moelle osseuse. Une mobilisation inédite sur le campus Carreire a permis d’enregistrer plus de 250 nouveaux donneurs volontaires, un élan de solidarité porteur d’espoir.

Plus méconnu que le don de sang, le don de moelle osseuse est pourtant tout aussi vital. Pour certains patients atteints de maladies hématologiques graves (comme la leucémie aigüe), seule une greffe de moelle osseuse peut leur accorder l'espoir d'une guérison. Trouver un donneur est alors la priorité des médecins mais la compatibilité est essentielle. Comme l’explique Gwendaline Guidicelli, praticienne hospitalière et cheffe de service adjointe du laboratoire d’Immunologie et immunogénétique au CHU de Bordeaux, ce sont les gènes HLA (Human Leucocyte Antigen/antigène des leucocytes humains), sorte de « carte d’identité biologique », qui déterminent la compatibilité entre donneur et receveur. Pour que la greffe fonctionne, ces gènes doivent être parfaitement identiques, ce qui représente une chance sur un million entre deux personnes non apparentées...
Dans un premier temps, les recherches se font au sein de la fratrie du receveur, mais la probabilité d’avoir un frère ou une sœur compatible n’est que d’une chance sur quatre, ce qui appelle alors au recours à l'un des 41 millions de donneurs volontaires inscrits sur les registres nationaux et internationaux des donneurs de moelle osseuse. « Statistiquement, plus nous avons de donneurs inscrits, plus nous avons la chance de tomber sur la bonne personne, le « jumeau de vie ». C’est pourquoi nous avons besoin d’organiser des campagnes de sensibilisation afin de générer le plus d’inscriptions possible sur le registre national », poursuit Gwendaline Guidicelli.
Offrir une chance de guérison
Forts de ce constat, le CHU de Bordeaux et les Carabins, l’association des étudiants en médecine de l’université de Bordeaux, se sont unis afin de mettre en place un évènement dédié sur le campus Carreire de Bordeaux les 26 et 27 mars derniers.
« Les étudiants sont une cible prioritaire des campagnes de recrutement actif de donneurs volontaires. Ce besoin de recruter des jeunes répond à une exigence médicale. En effet, les greffons de moelle osseuse prélevés sur des donneurs jeunes (idéalement avant 35 ans, mais le don reste possible jusqu’à 60 ans) sont plus riches en cellules souches, ce qui permet une prise de greffe plus rapide pour le malade. Parmi eux, nous sommes particulièrement à la recherche d’hommes, dont les cellules sont mieux tolérées sur le plan immunologique chez les patients (70% des greffons sont issus d’hommes) ; or ils ne représentent que 35% des inscrits sur le registre national des donneurs de moelle osseuse », précise Gwendaline Guidicelli.
Une mobilisation historique sur le campus Carreire
S’inscrire sur le registre des donneurs de moelle osseuse est un acte volontaire. Les conditions sont très simples : avoir entre 18 et 35 ans, être en bonne santé, et répondre à un questionnaire médical suivi d’un prélèvement salivaire ou sanguin pour déterminer les gènes HLA. « Pour ces deux journées de sensibilisation, nous étions 27 volontaires du laboratoire d’immunologie, internes du pôle de biologie, ou encore membres des Carabins, et nous avons consacré en cumulé plus d’une centaine d’heures à sensibiliser, informer et convaincre les étudiants sur le campus. Ainsi, 253 inscriptions ont été faites, soit 1/4 des objectifs annuels fixés par l'Agence de la Biomédecine (ABM) pour le centre donneur de notre laboratoire de Bordeaux ; un véritable exploit ! » s’exclame Gwendaline Guidicelli, enthousiaste.
Les étudiants qui avaient besoin de prendre le temps de réfléchir, de maturer leur décision, de consulter en amont le site de l’ABM étaient invités à revenir le lendemain. Ce fut le cas de 77 d’entre eux. « Nous avons constaté une belle énergie autour de cette cause et un immense élan de générosité, si bien que nous avons manqué de place et de temps pour accueillir tout le monde » regrette-t-elle. Mais devenir « veilleur de vie » est possible 24h/24. Il suffit de s’inscrire sur le site dédié : un kit est alors reçu à la maison pour aller faire un prélèvement sanguin dans n’importe quel laboratoire d’analyses médicales puis renvoyé par la Poste grâce à une enveloppe pré-timbrée. « Je précise que s’inscrire ne veut pas dire donner tout de suite. Les inscrits seront sollicités si, et seulement si, ils sont compatibles avec un malade, ce qui peut se produire dans quelques mois, années ou pas du tout » affirme la praticienne hospitalière.
À la suite de ce succès et de cette émulation, de nouveaux évènements et campagnes de sensibilisation sont à prévoir sur les autres campus bordelais. Prochaine rencontre des étudiants : mi-septembre lors des animations de rentrée avec l’Université Bordeaux-Montaigne !
Le don de moelle osseuse peut impressionner, voire inquiéter. Et pourtant, ces deux journées de sensibilisation ont été une véritable réussite, bien au-delà de nos attentes ! Grâce à l’énergie communicative de l’équipe du laboratoire, alliée à notre connaissance fine du campus et des habitudes des étudiants, nous avons su créer un vrai lien. Résultat : une mobilisation forte, des échanges riches, et de nombreuses inscriptions. Une belle victoire collective pour éveiller des vocations de « veilleurs de vie » !
Le don de moelle osseuse en chiffres
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2 000
malades ont besoin d’un greffe de moelle osseuse tous les ans
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41 millions
de donneurs inscrits dans le monde
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385 000
inscrits en France
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18 300
inscrits sur le centre de Bordeaux dont 1 000 nouvelles inscriptions chaque année
Objectif annuel national : inscrire 20 000 nouveaux donneurs, si possible des hommes jeunes et de toutes origines !