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Mise à jour le : 13/06/2024
Une équipe de recherche internationale a détecté, en février dernier, une importante quantité d’eau autour de l’étoile HL Tauri. Une observation rendue possible grâce au télescope ALMA qui renforce l’idée du rôle central de l’eau dans la formation de systèmes planétaires. Les chercheurs Stéphane Guilloteau et Alain Baudry reviennent sur cette découverte et leur implication dans le projet.
Chercher des traces d’eau dans l’univers est un axe de recherche commun à de nombreux scientifiques en astrophysique. En détecter la présence permet, entre autres, de mieux comprendre son rôle dans l’apparition de la vie. Dernièrement, c’est dans le disque de gaz et de poussières autour de l’étoile HL Tauri, dans la constellation du Taureau à 450 années-lumière de notre planète, qu’une quantité équivalente à celle d’au moins trois fois et demi l’ensemble des océans de la Terre a été mesurée. « L’eau a été cartographiée à proximité d’un sillon radial, une zone presque vide de matière considérée par les spécialistes comme la résultante de la formation de planètes autour de cette très jeune étoile » détaille Alain Baudry, astronome émérite au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB – CNRS et université de Bordeaux). Publiée il y a quelques semaines dans la revue Nature Astronomy par une équipe de recherche internationale dont fait partie Alain Baudry, cette découverte vient renforcer l’idée du rôle central des molécules H2O dans la naissance de corps célestes.
Observer de l’eau dans l’espace est une opération ardue. Malgré son abondance, il est compliqué d’en détecter les signaux à l’amplitude très faible et identifier sa signature reste complexe. Un défi pour lequel il aura été nécessaire d’acheminer les 66 antennes du télescope ALMA* à 5000 mètres d’altitude, dans le désert d’Atacama au Chili. « L’intention est de s’affranchir au mieux des molécules présentes dans l’atmosphère terrestre qui viendraient brouiller les observations » explique Stéphane Guilloteau, directeur de recherche CNRS au LAB. Ouvert à l’entièreté de la communauté astronomique mondiale depuis son inauguration en 2013, ce télescope terrestre offre une sensibilité et une finesse de capture d’images encore inégalées. « Ce sont les ondes électromagnétiques émises par les molécules des étoiles observées que nous analysons. Selon leur composition, les particules tournent sur elles-mêmes de manière spécifique et émettent des signaux différents, comme une signature. Il nous suffit alors de régler les antennes d’ALMA sur une fréquence sensible aux molécules d’eau et de les orienter dans la direction de l’étoile pour en récupérer le signal » décrit méticuleusement Alain Baudry, spécialiste en interférométrie, la technique permettant aux dizaines de paraboles du télescope ALMA d’opérer ensemble.
Les deux scientifiques connaissent particulièrement bien cette infrastructure. À partir de la fin des années 90, ils ont contribué à la conception de cet instrument singulier. « C’est le premier projet scientifique à une échelle véritablement mondiale, au-delà d’une alliance entre plusieurs pays ou régions. Des partenaires avec des cultures scientifiques et techniques très différentes étaient impliqués, à l’époque c’était une véritable première ! » rappelle Stéphane Guilloteau, responsable scientifique du programme, mis à disposition du projet par l’Institut de radio astronomie millimétrique (IRAM) à l’époque. « Mon rôle était d'assurer une bonne compréhension des besoins scientifiques en aidant les ingénieurs à les traduire en spécifications et ainsi déduire les performances requises des télescopes et de leur instrumentation » détaille-t-il
La participation du LAB s’est développée autour d’Alain Baudry, alors responsable européen du développement des équipements de collecte et de traitement du signal. Elle s’est poursuivie, avec le support du Laboratoire de microélectronique de Bordeaux, pour la conception et le prototypage des convertisseurs de signal analogique/numérique dont la production incombait au LAB pour l’observatoire ALMA, tout comme la production des filtres du système de corrélation des signaux. Grâce à ces équipements, les différents signaux analogiques recueillis par l’ensemble des antennes se retrouvent agrégés en des signaux numériques exploitables par les équipes de recherche. Un deuxième chantier du LAB portait sur le traitement de ce signal numérique obtenu. Les ondes émises par les molécules sondées sont étudiées sous la forme de spectres constitués de bandes de fréquence verticales séparées les unes des autres, à la manière d’un code barre. « A l’époque de la construction d’ALMA, la plupart des composants requis n’existaient pas. Nous avons donc tout développé nous-même pour aboutir à une solution technique robuste. Au moment de la production, nous sommes allés solliciter les industriels. Nous pensions que notre projet, techniquement particulier et à la série de fabrication d’une taille réduite par rapport à leurs habitudes, n’allait pas les intéresser. Mais, au final, ils nous ont vraiment accompagnés, c’était une sacrée aventure ! » se rappelle-t-il encore ému.
La récente découverte d’eau dans le disque de cette jeune étoile vient donc nourrir l’enthousiasme des deux spécialistes, alors que le programme ALMA 2030 fait de nouveau appel aux équipes du LAB pour leur expertise. Ce nouveau projet a pour but de développer et équiper l’infrastructure de versions plus actualisées et performantes de plusieurs équipements. Un chantier déjà entamé qui s’appuie notamment sur l’expérience de la conception première d’ALMA. « Par exemple, les capacités de numérisation de la bande du signal capté sont dix fois supérieurs à celles des composants actuels. Un saut technologique important a eu lieu et sera mis en œuvre sur ce nouveau programme. D’ailleurs, l’ingénieur responsable du développement de cet équipement a fait sa thèse dans mes équipes » raconte en souriant Alain Baudry.
Une modernisation tout en continuité qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives, notamment dans l’observation de nombreux autres systèmes stellaires comme HL Tauri. « Nous ne voyons probablement encore qu’une partie de l’eau autour de cette étoile : elle est mélangée aux poussières, et donc cachée par celles-ci. Nous pouvons estimer la quantité d’eau relevée à ce jour mais pas encore la fraction de l’ensemble qu’elle représente » rappelle Stéphane Guilloteau d’un air enjoué. Un engouement toujours intact chez les deux scientifiques qui accompagnent à nouveau les équipes du LAB à l’aune de ce nouveau défi.
*ALMA est un télescope terrestre issu d’un partenariat international qui rassemble les États européens sous l’égide de l’Observatoire européen austral (ESO) avec les États d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada), du Japon et, plus récemment, des partenaires à Taiwan et en Corée du Sud. Tous ces États coopèrent avec le Chili.
Astronome émérite au LAB
alain.baudry%40u-bordeaux.fr
Directeur de recherche CNRS au LAB
stephane.guilloteau%40u-bordeaux.fr
Stagiaire éditorial scientifique
theophile.massat%40u-bordeaux.fr
Communiqué de presse de l'ESO