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« Le Campus Victoire doit rester un lieu apaisé où se rencontrent science et société »

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Le campus de la Victoire a été rouvert aux personnels et aux doctorants aujourd’hui mardi 9 mai. Occupé durant dix jours, le site avait été finalement évacué par les forces de l’ordre le 31 mars, et n’était jusqu’à présent pas accessible. Cependant, les dégradations constatées y sont nombreuses et d’importants travaux seront nécessaires avant sa réouverture totale. Le point sur cette situation avec Dean Lewis, président de l’université de Bordeaux.

Photo : La Nature (Louis-Ernest Barrias) se dévoilant devant La Science (Pierre-Jules Cavelier),  parvis du campus Victoire © Gautier Dufau
La Nature (Louis-Ernest Barrias) se dévoilant devant La Science (Pierre-Jules Cavelier), parvis du campus Victoire © Gautier Dufau

Le campus Victoire a été évacué le vendredi 31 mars. Les dégradations sont importantes. Quelles sont les conséquences sur les plans matériel, humain et judiciaire ?  

Avant d’évoquer la question du coût matériel, je tiens à souligner l’impact psychologique de cette occupation qui a conduit à la mise à distance des étudiants et des personnels et à la dégradation de leurs lieux de travail, certains pour une deuxième fois. De ce fait, nous envisageons aujourd’hui de relocaliser définitivement certains services administratifs dans d’autres locaux. Les personnels logés et les agents du PCSI ont eux aussi été fortement sollicités, c’est ici pour moi l’occasion de les remercier.

Durant les dix jours d’occupation, les dégradations se sont concentrées dans la partie occupée. Elles concernent de manière non exhaustive : le hall d’entrée, trois amphithéâtres, trois salles de TD, une vingtaine de bureaux, de nombreuses portes d’accès aux couloirs, halls ou escaliers, du matériel informatique et audiovisuel, de nombreux murs tagués, les systèmes de sécurités incendie, ainsi que les anciens appartements qui devaient être réaménagés en locaux universitaires. La bibliothèque historique, quant à elle, a pu être préservée.

Sur le plan judiciaire, enfin, l’université a porté plainte le 4 avril 2023 au titre de trois motifs, intrusion non autorisée dans l’enceinte d’un établissement, trouble à la tranquillité et au bon ordre de l’établissement, et dégradation ou détérioration d’un bien appartenant à autrui.

Quel est le coût estimé des travaux à effectuer ? Combien de temps faudra-t-il pour tout remettre en état ?

Concernant le coût financier, l’évaluation par l’expert de la compagnie d’assurance et le Pôle patrimoine et environnement confirme un coût avoisinant 700 000 euros. A cela s’ajoutent le coût du gardiennage renforcé, toujours en cours, et les futurs investissements nécessaires à une meilleure sécurisation des accès.

Nous planifions au moins trois mois de travaux avec si nécessaire une priorisation qui permettrait une réouverture du site avant que la totalité des travaux soit effectuée.

Quels ont été les aménagements mis en place pour permettre aux personnels et aux étudiants de continuer à travailler et à étudier ? Comment se sont organisées les activités ?

Bien que la crise sanitaire nous ait obligé à nous familiariser avec le télétravail, cette situation est délicate et a nécessité un accompagnement renforcé, préconisation suggérée par le retour d’expérience de la précédente occupation. J’ai animé quatre webinaires avec l’ensemble des personnels pour les informer de l’évolution de la situation et répondre au mieux, dans ces conditions dégradées, à leurs attentes et leurs questions.

Grâce à la solidarité de l’ensemble de la communauté, des locaux sur d’autres campus ont été rapidement mis à la disposition des personnels.

Concernant nos étudiants, nous étions en fin de semestre et les équipes pédagogiques se sont mobilisées au mieux pour terminer les programmes. Des amphithéâtres et des salles sur d’autres campus, ou sur ceux de nos établissements partenaires, ont été mis à disposition pour relocaliser l’intégralité des examens.

A partir de quand peut-on prévoir un retour sur site ? 

Il faut distinguer deux situations différentes en fonction des parties du bâtiment : l’avant, qui était occupée, et l’arrière, qui ne l’était pas :

  • La partie avant (occupée) :  nous espérons rouvrir à la prochaine rentrée universitaire aux étudiants et personnels, avec probablement une ouverture graduelle des espaces.
  • La partie arrière (non occupée) : la réouverture était conditionnée à l’apaisement du mouvement social, et donc au risque d’occupation, mais aussi à la désolidarisation du système de sécurité incendie avec celui de la partie avant, qui est défectueux et source d’alarmes intempestives.

Ces deux conditions sont maintenant remplies, ce qui permet d’envisager dès aujourd’hui le retour progressif des personnels et des doctorants sur site. En revanche, et pour des raisons de sécurité, il est nécessaire pour le moment de mettre en place un filtrage à l’entrée, avec recueil des entrées et sorties. Il sera aussi possible d’accueillir sur invitation des personnels extérieurs.

Les personnels dont les bureaux sont situés au sein de la partie avant pourront s’installer à l’arrière, et pourront ponctuellement accéder à leurs espaces de travail pour récupérer leurs affaires. Il en est de même pour les personnels de la BU qui pourront gérer les ouvrages demandés par les étudiants dans cette période d’examen, ouvrages qui leurs seront mis à disposition dans les autres bibliothèques universitaires. La cafétéria du CROUS est ouverte pour y accueillir les personnels.

Enfin, si tout se passe bien, dans les jours à venir les activités et les événements pourront progressivement reprendre, y compris pour le Musée d’ethnographie de Bordeaux (MEB). Nous pourrons aussi envisager de rouvrir l’ilot Broca.

Le fonctionnement du site de la Victoire est souvent perturbé lors des mouvements sociaux. Quel est l’avenir de ce campus ? Comment le sécuriser à l’avenir ?

Le campus de la Victoire est un de nos campus historiques, nous y sommes tous et toutes très attachés. C’est un campus essentiel pour nos sciences humaines et sociales. En plein cœur de la ville, il est à l’image de l’université dans la cité au service de la connaissance et de la société.  Il s’agit maintenant pour nous, dans les prochaines semaines, de trouver, avec les différents acteurs de ce campus, un nouvel équilibre entre l’ouverture et la sécurité.