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Le plan de sobriété énergétique de l’université de Bordeaux

Mise à jour le :

Le président Dean Lewis détaille le plan de sobriété énergétique mis en place par l'université pour réduire ses consommations d'énergie tout en maintenant la continuité des activités et la qualité de vie au travail et à l’étude.

Photo : Dean Lewis © Arthur Pequin
Dean Lewis © Arthur Pequin

Comment la hausse des tarifs de l’énergie se traduit-elle pour l’université de Bordeaux ? Quels sont les principaux défis auxquels nous devons faire face à court terme ?

L’université de Bordeaux, par sa taille importante, par la multiplicité et la nature de ses activités, est fortement touchée par la flambée du prix de l’énergie. Nous devons en outre prendre notre juste part de l’effort national, comme nous y invite notre ministère de tutelle.

Je tiens toutefois à préciser que la répercussion de la hausse des coûts de l’énergie ne peut se faire intégralement sur le plan de sobriété, le budget contraint ou les réserves de l’établissement. L’État doit aussi contribuer au fonctionnement des universités qui, rappelons-le, accueille des étudiants, mais héberge aussi une large part de l’activité de recherche.

Pour limiter les effets de cette flambée des prix, nous devons agir efficacement et rapidement en maîtrisant nos consommations d’énergie. Nous nous fixons comme objectif quantifié de diminuer de 10 % nos consommations d’énergie en 2023. Cet objectif me semble accessible au regard des livraisons récentes et à venir de bâtiments mieux isolés et d’un plan essentiellement axé sur les usages, plan qui tôt ou tard aurait dû être mis en œuvre.

Il s’agit aussi de nous permettre de maintenir au maximum nos activités et nos projets en limitant, par une diminution maîtrisée et un contrôle fin de nos consommations notre facture énergétique, et en anticipant toute coupure électrique intempestive qui serait liée à la situation nationale. 

L’université va donc s’adapter en accélérant autant que possible le déploiement de sa politique de transition énergétique. La maîtrise collective de nos consommations passera aussi, et peut-être plus encore, par un changement de nos usages individuels et collectifs en matière d’énergie. Ce changement-là, que nous aurions dû engager dans tous les cas, est essentiel et requiert l’action conjointe de chacune et de chacun.

Sur un autre plan, nous devons faire face aux conséquences sociales de cette flambée tarifaire, qui risquent d’aggraver considérablement les difficultés de vie concrètes de certaines et certains de nos collègues et des étudiants les plus vulnérables. Je tiens à leur dire que nos équipes seront mobilisées tout l’hiver pour les aider à travers l’ensemble de nos dispositifs d’accompagnement.

Quelles sont les principales actions envisagées ?

En concertation avec ses équipes scientifiques et administratives, l’université va déployer un plan de sobriété énergétique permettant d’assurer la continuité des activités de recherche et de formation tout en maintenant la qualité de la vie au travail et à l’étude. Ce plan est fondé sur des mesures techniques pour diminuer nos consommations d’électricité et de gaz, mais aussi sur l’adaptation de notre organisation et de nos usages.

Il contient en premier lieu une série de mesures générales, qui s’appliqueront dès les prochaines semaines :

  • Mise à disposition des suivis de consommations via la plateforme unique Hyperview
  • Suppression des eaux chaudes sanitaires hors douche
  • Retrait des chauffages électriques d’appoint au profit d’une régulation collective
  • Optimisation des éclairages extérieurs (exemple : arrêt de l’éclairage parking de 1 heure à 5 heures)
  • Réorganisation des réfrigérateurs domestiques
  • Réduction du chauffage la nuit, le week-end (dès vendredi midi) et lors des congés universitaires
  • Planification des horaires de chauffage en fonction des outils de réservation de salles
  • Température de consigne à 19°C
  • Démarrage du chauffage au retour des congés de la Toussaint (le 7 novembre)
  • Arrêt des climatisations de confort
  • Création de « réduits de chauffage » lors des congés universitaires ou le week-end
  • En lien direct avec RTE, une série d’actions pour consommer régulièrement et au meilleur moment et mettre en œuvre des moyens de sauvegarde en cas de coupure.

A ces mesures d’ensemble s’ajouteront une série d’actions circonscrites, ciblées sur des domaines et des enjeux particuliers. Nous devrons en effet déployer notre action sur des périmètres où les questions se posent différemment : la recherche, le numérique, la formation, l’accès aux bibliothèques, aux infrastructures sportives, l’organisation du travail.

L’objectif sera toujours de conjuguer notre continuité d’activité et de service, notamment pour nos étudiantes et nos étudiants, avec ce nouvel impératif de sobriété.

Nous serons attentifs aux spécificités en nous concertant étroitement avec les responsables et les acteurs sur le terrain. Pour diverses raisons, certaines situations sont plus critiques que d’autres et nécessitent un accompagnement plus important.

Ce sont, on le voit, des mesures d’optimisation et de sécurisation techniques, mais elles nécessiteront une adaptation plus profonde de nos usages. Une nouvelle fois, les objectifs ne pourront être atteints sans un effort collectif, qui requiert l’implication personnelle de chacune et de chacun.

Ces actions s’inscrivent-elles dans un dispositif plus large ?

Oui, effectivement. La situation énergétique actuelle est bien sûr liée à une conjoncture singulière (faible niveau des stocks, reprise économique post-covid, guerre en Ukraine, etc.) mais elle ne fait au fond qu’intensifier des problèmes structurels sur lesquels nous avons décidé d’agir depuis plusieurs années.

Notre plan de sobriété énergétique s’inscrit naturellement dans une stratégie à long terme initiée en 2008 grâce à l’opération campus, poursuivie en 2016 avec le schéma directeur énergies eau (SDEE), confortée par le plan de relance en 2021-2022 et prolongée jusqu’en 2050 dans le cadre de notre schéma pluriannuel de stratégie immobilière, qui inclut aussi un volet d’autoproduction d’énergie (solaire, biomasse, géothermie, etc.).

Notre plan s’inscrit ainsi dans le cadre de la politique des transitions environnementales et sociétales de l’université de Bordeaux, dont elle nous oblige à accélérer encore la maîtrise de nos consommations d’énergie, à la fois en programmant leur diminution progressive et en investissant dans les énergies « vertes », par exemple en augmentant notre parc de panneaux photovoltaïques ou en mettant en place avec nos partenaires locaux un réseau de chaleur autonome qui devrait être opérationnel à l’horizon 2026.

Objectifs de consommation : -10 %