Anne L’Huillier (Lund University)

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Anne L’Huillier, professeure de physique atomique et Prix Nobel de physique 2023, a reçu le titre et les insignes de docteur Honoris Causa de l'université de Bordeaux le 28 mars 2024.

Photo : Anne L'Huillier, prix Nobel de physique 2023 © Université de Lund
Anne L'Huillier, prix Nobel de physique 2023 © Université de Lund

Anne L’Huillier est une chercheuse franco-suédoise née en 1958. Après son entrée à l’École normale supérieure de Fontenay aux Roses en 1977, elle obtient l’agrégation de mathématiques en 1980. Elle commence des travaux de recherche sur la physique des atomes en champ laser intense dans le groupe de Gérard Mainfray et de Claude Manus au CEA, à Saclay.

Elle soutient sa thèse à l’Université Pierre et Marie Curie en 1986 et obtient un poste permanent au CEA la même année.
Elle effectue des séjours à l’Institut de Technologie à Göteborg en 1986, à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles  (University of Southern California) en 1988 et au Lawrence Livermore National Laboratory en 1993. En 1995, elle devient Associate
Professor à l’Université de Lund, puis professeur de physique atomique en 1997.

La recherche d’Anne L’Huillier s’intéresse aux interactions entre atomes et une lumière laser intense. Elle découvre le processus de génération d’harmoniques d’ordre élevé permettant de produire un peigne de fréquences étendu dans l’ultraviolet lointain. Ce rayonnement consiste, dans le domaine temporel, en un train d’impulsions attosecondes. Elle fait ainsi émerger un domaine thématique nouveau auquel elle apporte des contributions majeures, expérimentales et théoriques à la compréhension et au contrôle de ce rayonnement attoseconde. Anne L’Huillier identifie la possibilité de produire à partir de ce rayonnement des impulsions attosecondes capables de sonder des dynamiques électroniques ultra-rapides dans les atomes et la matière. Son groupe de recherche a développé des applications, avec, par exemple, la mesure des délais d’ionisation de systèmes atomiques. Elle explore aujourd’hui d’autres domaines d’applications, fondamentaux en revisitant l’optique quantique, ou d’intérêt pour l’industrie des semi-conducteurs.

Anne L’Huillier a publié près de 230 articles et a supervisé le travail de 27 doctorants et de 32 post-doctorants, dont un nombre appréciable poursuit actuellement une carrière académique, certains sur le site de l’université de Bordeaux.

Les travaux d’Anne L’Huillier ont été récompensés par de nombreux prix scientifiques, à commencer par le Prix Aimé Cotton de la Société française de physique en 1990. En 2011, elle obtient le prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes de Science. En 2004, elle est élue à l’Académie Royale des Sciences de Suède en physique et fait partie du comité Nobel de physique sur la période 2007-2015.

Elle est élue membre étranger de l’Académie des sciences en 2021. Elle obtient, en 2022, le prix Wolf en Physique conjointement avec Paul Corkum et Ferenc Krausz. En 2023, Anne L’Huillier obtient le prix Nobel conjointement avec Pierre Agostini et Ferenc Krausz « Pour des méthodes expérimentales qui produisent des impulsions lumineuses attosecondes pour l’étude de la dynamique des électrons dans la matière ». Elle est ainsi la deuxième femme française (après Marie Curie en 1903) et la cinquième au monde à obtenir le prix Nobel de physique.