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«Bordeaux est devenu un lieu incontournable pour la recherche en neurosciences»

Mise à jour le :

La communauté bordelaise de recherche en neurosciences est aujourd’hui rassemblée au sein de Bordeaux Neurocampus, l’un des tout premiers pôles européens en la matière. Le neurobiologiste Christophe Mulle a joué un rôle déterminant dans cette aventure de longue haleine. A l’occasion de la Semaine du cerveau 2024, il témoigne sur les faits marquants de cette brillante trajectoire.

Photo : Le neurobiologiste Christophe Mulle est directeur de recherche au CNRS et co-directeur de l'équipe « Synapse et circuits neuronaux » à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences © Arnaud Rodriguez-Bordeaux Neurocampus
Le neurobiologiste Christophe Mulle est directeur de recherche au CNRS et co-directeur de l'équipe « Synapse et circuits neuronaux » à l’Institut interdisciplinaire de neurosciences © Arnaud Rodriguez-Bordeaux Neurocampus

Passionné par son métier de chercheur et homme de convictions, Christophe Mulle s’est impliqué sans relâche dans la structuration, la coordination et l’animation de la communauté des chercheurs en neurosciences bordelais, ainsi qu’aux niveaux national et européen. Un investissement qui lui a valu la nomination au grade de chevalier de l’ordre national du Mérite en 2023.
« Après mon post-doctorat en Californie, je suis arrivé à Bordeaux en 1994 avec la ferme intention d’y poser mes valises.
A l’époque, la communauté des neurosciences existait mais était très éparpillée. Un institut fédératif de recherche (IFR) en neurosciences cliniques et expérimentales - le premier en France - venait tout juste d’être créé par le neuropsychiatre Michel Le Moal dans l’objectif de structurer la communauté de recherche en neurosciences, même si le périmètre s’arrêtait à l’université Bordeaux 2. Michel Le Moal avait par la même occasion le projet de construction de l’Institut François Magendie pour attirer et regrouper des équipes de recherche en neurosciences. C’est ce bâtiment que je souhaitais intégrer. J’ai alors constitué une petite équipe de recherche grâce au dispositif Atip Avenir. Deux ans plus tard, j’ai réussi à motiver les Parisiens Daniel Choquet et Agnès Hémar à venir créer leur équipe de recherche en neurobiologie cellulaire à Bordeaux, bien qu’à l’époque, pour certains, ce n’était pas très bien vu de quitter Paris pour s’installer en province…», raconte-t-il.


Un travail de pionniers

De fil en aiguille, un pôle de neurobiologie cellulaire prend forme et l’année 1999 voit la création de l’Unité Mixte de Recherche (UMR) Physiologie cellulaire de la synapse (CNRS/Université Bordeaux Segalen), thématique que l’équipe de Christophe Mulle a été la première à développer. « Nous avons été sans doute pionniers à Bordeaux dans l’étude des synapses, mais c’est grâce à l’implication de nombreux acteurs et à l’aide considérable du Conseil Régional que nous nous sommes rapidement développés. Notre vision collective a également attiré des chercheurs d’horizons très variés qui ont fait émerger et enrichi de nouveaux champs de recherche. Une dynamique était en marche », déclare-t-il.
Au début des années 2000, la communauté continue à se structurer pour regrouper l’ensemble des laboratoires de neurosciences de Bordeaux. « Notre objectif était de favoriser l’animation scientifique et la collaboration entre les équipes, la mise en commun des ressources, les regroupements géographiques mais aussi le développement de la formation en neurosciences », poursuit Christophe Mulle.

 

Former à la recherche en neurosciences par la pratique expérimentale

Ainsi en 2006, il organise la première école d’été sur la synapse. Ce fut un évènement déclencheur pour la création, en 2014, de l’Ecole des Neurosciences, laboratoire de recherche entièrement dédié à la formation. La création de plusieurs parcours de masters en neurosciences, par les enseignants-chercheurs de l’université de Bordeaux, a également dynamisé l’offre de formation au niveau international.
Par exemple, le master européen en neurosciences Neurasmus accueille aujourd’hui 90% d’étudiants d’étrangers qui travaillent sur des projets de recherche.
Parallèlement, le projet immobilier Neurocampus, lancé en 2008 avec tous les acteurs régionaux du secteur pour bâtir une stratégie de développement des neurosciences en Aquitaine, aboutit en 2013. La structure fédérative née en 1994 prend alors le nom de Bordeaux Neurocampus. C'est également sous l’impulsion de Christophe Mulle, que la création de l’école universitaire de recherche en Neurosciences (EUR Neuro), le Bordeaux Neurocampus Graduate program, installe durablement le site bordelais sur la carte mondiale de la formation en neurosciences.

« Nous avons parcouru un long chemin »

Aujourd’hui, Bordeaux Neurocampus fête ses 30 ans. Cette structure est désormais mondialement connue et compte près de 800 personnes et 56 équipes de recherche.
« Le recherche en neurosciences touche de nombreux sujets. A Bordeaux, nous avons des spécialités dans tous les domaines. Nous avons réussi à rassembler tous les acteurs, à devenir une communauté soudée et attractive rassemblée sur un même campus. C’est avec un grand plaisir que je constate que la jeune génération a repris les rênes. Je suis satisfait d’avoir joué ce rôle de coordination et très heureux de voir que cela fonctionne. Néanmoins, je ne perds jamais de vue que mon métier, c’est celui de chercheur. C’est toujours un immense plaisir de venir au labo, de partager avec les collègues et de mettre en œuvre les projets, et bien sûr une fierté d’appartenir à Bordeaux Neurocampus », conclut Christophe Mulle.

Corlieve Therapeutics, une innovation prometteuse pour traiter l'épilespsie

Corlieve Therapeutics, achetée en 2022 par uniQure, résulte de l’approche thérapeutique inventée par Christophe Mulle et Valérie Crépel qui part d’un besoin médical avéré : le traitement de l’épilepsie du lobe temporal (ELT) pour les malades réfractaires aux traitements connus. Les premiers essais cliniques chez l’homme sont annoncés par uniQure pour 2024.