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[Podcast] «Art-thérapie : façonner la matière pour se (re)construire»

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Jouer avec les couleurs, les matériaux, les sons, les mots ou son corps pour créer : le propre des artistes ? Pas seulement. Les participants aux ateliers d’art-thérapie s’y prêtent eux aussi. Le 12 avril 2022, les Rencards du Savoir se penchaient sur les bénéfices de l’art sur notre santé.

Photo : Réalisation d'un participant à un atelier d'art-thérapie de Sophie Agussol © Sophie Agussol
Réalisation d'un participant à un atelier d'art-thérapie de Sophie Agussol © Sophie Agussol

En une quarantaine d’années, l’art-thérapie a connu un véritable essor en France, s’invitant dans les hôpitaux, les EHPAD, les instituts médico-éducatifs, les écoles, les foyers de vie et de nombreux autres établissements médico-sociaux.

Paradoxalement, la pratique reste mal connue, tantôt perçue comme une simple récréation, tantôt idéalisée. À qui s’adresse-t-elle ? Comment se déroule un atelier ? Que peut-on en attendre ?


Café-débat

Les Rencards du Savoir proposaient de lever le voile sur ces interrogations, et bien d’autres, au cours d’un café-débat à la bibliothèque Pablo Neruda, le 12 avril dernier dans le cadre du festival des Moissons d'avril et en partenariat avec les Regards Croisés de la ville de Pessac.

Sophie Agussol, art-thérapeute et comédienne ainsi que Nolwenn Tournoux, art-thérapeute et artiste au sein du collectif Monts et Merveilles, ont entrecroisé expériences personnelles et connaissances théoriques pour répondre à un public qui n’était pas avare de questions !

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Pour toutes et tous, quel que soit l’âge

Après avoir beaucoup travaillé auprès de personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, Nolwenn Tournoux intervient aujourd'hui dans les accueils de jour des EHPAD auprès des aidants familiaux. « Je les accompagne afin de leur offrir un temps de répit, de ressourcement et de revalorisation de l'estime de soi » explique-t-elle.

De son côté, Sophie Agussol organise des ateliers en groupe pour des patients souffrant de maladies chroniques, dans le cadre de programmes d’éducation thérapeutique au CHU de Bordeaux. Mais elle prend en charge également, de façon individuelle, des enfants du service d’onco-hématologie, et neurologie.

L’art-thérapie s’adresse donc à un large spectre de personnes, et convoque un vaste panel de pratiques artistiques afin de répondre aux envies et besoins de chacun. Écriture, dessin, collage, poterie, danse, mime, théâtre s’invitent par exemple dans les ateliers de Sophie Agussol. Autant de pratiques auxquelles l’art-thérapeute s’est formée avant de les proposer. « Je ne cherche toutefois pas à apporter aux participants une technique spécifique mais à soutenir le geste artistique et les accompagner dans le plaisir de faire, de créer » explique-t-elle.

Tant que la personne trouve un plaisir esthétique dans ce qu'elle fait, c'est parfait !

Dessin d'un participant à un atelier d'art-thérapie de Sophie Agussol
Dessin d'un participant à un atelier d'art-thérapie de Sophie Agussol © Sophie Agussol

L’art-thérapie, un voyage vers soi

Et si l’œuvre produite n’est pas très convaincante ? Aucune importance. « Tant que la personne trouve un plaisir esthétique dans ce qu'elle fait, c'est parfait ! » renchérit Sophie Agussol. L’œuvre produite ne sera pas non plus interprétée par le thérapeute, ce qui distingue l’art-thérapie de la psychothérapie à support artistique.

En art-thérapie, comme en voyage, l’important est le chemin parcouru. Les baroudeurs le savent bien : sur la route, il y a la promesse d’une transformation personnelle. Jean-Pierre Klein, l’un des pères fondateurs de l’art-thérapie, la définit ainsi comme « un détour pour s’approcher de soi. »1

De l’art sur ordonnance

L'art-thérapie, l’art de faire pour se défaire de ses maux ? En quelque sorte, mais pas seulement : on peut également être spectateur dans une démarche d’art-thérapie contemplative. L’exemple des prescriptions muséales à Montréal est éloquent. Grâce à un partenariat entre le Musée des beaux-arts de la ville québécoise et l’association Médecins francophones du Canada, des visites gratuites au musée sont désormais prescrites sur ordonnance. Plusieurs bénéfices peuvent être recherchés, notamment une diminution du stress que plusieurs études scientifiques2 semblent démontrer.

Nolwenn Tournoux organise pour sa part des sorties au théâtre et à l’opéra avec les personnes âgées qu’elle accompagne. « L’œuvre contemplée peut être source d'émotions mais c’est aussi les interactions sociales et la magie du lieu qui ont un effet impressionnant sur l’image et l’estime de soi. »

Des bénéfices trop peu considérés ?

Dans le parcours de soin, l’art-thérapie vient en complément d’autres pratiques. C’est un soin de support, au même titre que l’activité physique adaptée ou la méditation par exemple. « Là où le kinésithérapeute va travailler sur un membre douloureux, l’art-thérapeute, lui, mobilisera la partie saine, fonctionnelle du corps, pour valoriser les capacités encore existantes du patient » illustre ainsi Nolwenn Tournoux. « Les soins de support ne sont donc ni secondaires, ni optionnels » rebondit Sophie Agussol. Aussi déplore-t-elle le financement encore insuffisant attribué à ces soins malgré une demande grandissante.

Des prémices de l'art-thérapie à ses enjeux actuels et futurs, les deux intervenantes ont brossé un portrait haut en couleur de leur métier. À (re)découvrir en podcast !

Par Yoann Frontout, journaliste scientifique et animateur des Rencards du savoir

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