«Aller sur le terrain me permet de rester à la pointe»

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Jean-Philippe Savy est chargé d’affaires pour la filière « Aéronautique, spatiale et défense » au sein de la Direction innovation, partenariats, entreprises de l’université de Bordeaux. Une fonction clé de mise en relation entre la recherche et les industries, l’innovation et les entreprises.

Photo : © J.-P. Savy
© J.-P. Savy

Ce 5 janvier 2024, Jean-Philippe Savy a embarqué sur le Commandant Charcot, brise-glace et navire d’exploration polaire de la compagnie Ponant par laquelle il a été recruté comme « coordinateur scientifique » pour une mission de 3 mois aux confins de l’Antarctique.

Un temps dédié à la recherche sur le terrain précieux et très utile que lui permet sa fonction de chargé d’affaires filière à l’université de Bordeaux.

C’est la seconde fois qu’il effectue une expédition à bord de ce navire qui accueille régulièrement des équipes de scientifiques dans l’objectif d’observer les écosystèmes polaires. « J’ai toujours été fasciné par l’odyssée sous-marine du commandant Cousteau » raconte le docteur en sciences des matériaux et spécialiste en ingénierie des capteurs. « Je suis tombé amoureux du pôle Sud lorsque j’y ai fait un stage de recherche en 2001. J’ai dès lors compris que je voulais consacrer ma carrière à étudier ces milieux. »

Passionné par l’océan depuis l’enfance, il étudie la chimie marine à Toulouse et poursuit par un doctorat en sciences des matériaux dans l’idée de développer des capteurs permettant de mieux comprendre l’impact du changement climatique sur les environnements marins. Après avoir passé 4 ans au sein du laboratoire Geomar, institut d'océanographie situé à Kiel, dans le nord de l'Allemagne, il revient en France où il s’intéresse à la spectroscopie, enseigne cette discipline au sein de l’IUT de l’université de Perpignan puis intègre le Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales à Toulouse.

« Au cours de ces années, j’ai parallèlement eu l’occasion d’effectuer plusieurs missions en Antarctique et au Pôle Nord dans le but d’implanter des capteurs sur la banquise. J’ai beaucoup appris au niveau scientifique mais également en travaillant avec les équipages et les techniciens à réparer des câbles et à chercher des solutions aux problèmes quotidiens que l’on rencontre lors de ces aventures. Il est important de bien comprendre comment tout fonctionne pour avoir une vision globale. Partir en expédition permet de revenir avec une vision fraiche » explique le chercheur-chargé d’affaires convaincu. 

Révéler le plein potentiel de l’innovation universitaire en développant une recherche partenariale avec les entreprises

En 2017, Jean Philippe Savy pose ses valises dans le Sud-Ouest. Il intègre l’université de Bordeaux en tant que chargé d’affaires pour le programme SPRING Océan au sein de la Direction Innovation partenariats entreprises , initiative conjointe lancée en 2014 entre le pôle de compétitivité Aerospace Valley, l’université de Bordeaux et le Conseil Régional d’Aquitaine.
Il s’agit d’étudier de façon systématique les opportunités de transfert de technologies issues des filières aéronautique, spatiale et espace comme potentiel d’innovation pour la filière océan.

« Mes missions se concentrent sur l’émergence de projets d’innovation en étudiant les opportunités de transfert de technologies aéronautiques à destination des besoins des secteurs de la mer (sport, bien être, services numériques, énergie, environnement, etc). Afin d’être au fait des activités de chacun des acteurs, je partage mon temps de travail entre les laboratoires de recherche, les services centraux du site universitaire bordelais et les campus d’Aerospace Valley à Bordeaux et Bayonne, qui regroupent 800 membres dont environ 550 PME offrant des produits et services dans ces filières.
Notre objectif commun est d’accélérer le développement et la compétitivité des entreprises grâce aux innovations issues des laboratoires de recherche universitaire » détaille-t-il.

Les universités ont toute leur place dans l’innovation et doivent contribuer activement à lever les verrous technologiques

Jean Philippe Savy

Cette mission nécessite une connaissance fine des structures de recherche, des services centraux et de l’ensemble des acteurs économiques de la filière. Une fonction faites de rencontres, de visites et d’échanges qu’il trouve particulièrement riche et stimulante. « Les chercheurs et les industriels ne parlent pas le même langage. Ils n’ont pas la même temporalité. Je fais office de décodeur. Je m’applique à créer un climat de confiance et de confidentialité entre eux. Les chercheurs savent développer des solutions techniques mais pas les vendre. En tant que chargé d’affaires filière, nous avons cette vision et les préparons en amont afin que l’offre de service soit cohérente et compatible avec le besoin de l’entreprise. Il faut également bien comprendre où sont les guichets de financement » précise Jean-Philippe Savy.

 

« J’ai la chance de travailler dans un environnement bienveillant qui me permet d’aller sur le terrain autant que j’en ai besoin. Il est difficile d’avoir une expertise si on ne l’entretient pas. Mettre les pieds sur un bateau et les mains dans l’eau pour faire fonctionner les capteurs, échanger avec des experts me permet de rester à la pointe » conclut-il.


Bon vent ! 

Flancs de falaises enneigés © J.-P. Savy / 2022
Flancs de falaises enneigés © J.-P. Savy / 2022

Projet FIND, un exemple de transfert de technologie réussi

Le projet FIND pour « Filets connectés pour une pêche durable » porté par Guillaume Ferré,  enseignant-chercheur en communication numérique au laboratoire IMS, est né du constat de la perte, chaque année, de plusieurs filets par les navires de pêche en raison de mauvaises conditions météorologiques, de la houle, etc.

C’est en émettant des ondes acoustiques que les filets de pêche connectés pourront être retrouvés plus efficacement grâce à un système de localisation embarqué sur le bateau. Soutenu par l’université de Bordeaux, en partenariat avec le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de Nouvelle-Aquitaine, la Région Nouvelle-Aquitaine et la Communauté d’agglomération Pays Basque, ce projet répond à un vrai besoin de la filière pêche, et a été salué par le concours Ruban vert de la pêche durable porté par l’association Blue Fish en 2020. 

Le professeur Ferré a déposé un nouveau projet auprès de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’Europe, afin de développer de nouvelles fonctionnalités du système. Un des objectifs de la suite de FIND est d’éviter la prise accidentelle de cétacés dans les filets.

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