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Mise à jour le : 23/09/2025
Le parcours de Zoé Bescond--Michel illustre la curiosité et la détermination d’une génération d’étudiants engagés pour l’écologie. Formée à l’université de Bordeaux, elle signe déjà une publication dans Nature Communications et poursuit désormais une thèse sur les espèces introduites.
Quel est le point commun entre la grenouille taureau, le ragondin, le frelon asiatique et le moustique tigre ? Hormis leur absence du palmarès des animaux les plus appréciés du grand public, ces quatre espèces ont été introduites sous l’effet des activités humaines en France. Si le ragondin l’a été de façon volontaire à la fin du 19e siècle pour sa fourrure, frelons asiatiques et moustiques tigres se sont invités en Europe, a priori, via des conteneurs venant d’Asie au début des années 2000. Autre caractéristique commune, ces organismes sont dits invasifs du fait des déséquilibres qu’ils entraînent dans les écosystèmes ou encore sur la santé humaine. Est-ce que des espèces pourraient être introduites sans toutefois avoir un impact négatif sur leurs écosystèmes ? C’est une des question d’écologie pour lesquelles se passionne Zoé Bescond--Michel depuis ses études à l’université de Bordeaux et notamment en master Biodiversité, écologie et évolution. Ces derniers jours, elle a publié dans la revue Nature Communications les résultats de son stage de master 2 réalisé à l’université de Fribourg (Suisse). Dans cette étude, elle s’est intéressée à l’introduction de grands mammifères - cervidés, bovins, chevaux, éléphants… Le stage, trop court pour du terrain, a donné lieu à ce qui est appelé une méta-analyse, entre janvier et juin 2023, encadrée par les chercheurs en écologie Sven Bacher et Giovanni Vimercati, co-signataires. C’est-à-dire que la jeune chercheuse y a rassemblé et confronté les données de plus de 200 articles scientifiques publiés depuis 1950 sur 66 espèces d’ongulés. « Si par exemple un cerf introduit se met à manger une plante A qui était en compétition avec une plante B, alors celle-ci peut bénéficier de la présence de l'ongulé et se développer » explique-t-elle. L’étude a été réalisée avec un système international d’évaluation, développé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à la fois pour les impacts négatifs (EICAT*) et positifs (EICAT+). Cinq niveaux d’impact peuvent être attribués à une espèce. Ils vont d'un effet ou bénéfice négligeable jusqu'à une disparition irréversible d’une espèce, côté négatif, ou établissent, à l'inverse, qu'une extinction a été évitée définitivement, concernant l'impact positif.
Zoé Bescond--Michel s’est consacrée plus spécifiquement de son côté à 300 impacts positifs. « Il y a un débat notamment sur les espèces introduites, et les aspects positifs sont parfois négligés. Pour prendre les meilleures décisions en matière de conservation, il faut pouvoir tout regarder » précise l’étudiante qui a grandi à Ambès dans la métropole bordelaise.
L’étude globale a finalement conclu que les impacts négatifs d’une introduction d’herbivores sont plus fréquents et d’ampleur plus élevée que les impacts positifs. Et le fait que les espèces insulaires, qui n’ont pas évolué avec des ongulés, sont d’autant plus vulnérables, ainsi que les espèces situées à un niveau trophique plus élevé - espèces plus « hautes » dans la chaîne alimentaire. Par exemple si les ongulés piétinent des herbes et détruisent la végétation, il y a moins d’oiseaux insectivores donc moins de proies pour les rapaces. La population de ces derniers va ainsi décliner. « La publication s’appuie sur mon rapport de stage mais le texte a beaucoup évolué au fur et à mesure. Sven et Giovanni en ont pris la base pour l’améliorer » concède la jeune chercheuse.
Virgil Fievet, responsable du parcours de master 2 recherche Biodiversité et fonctionnement des écosystèmes terrestres suivi par Zoé Bescond--Michel, rappelle que la rédaction d’une publication est une « symphonie à plusieurs mains qui répond à un code spécifique », appréhendé dès le master. Il insiste sur les compétences et la confiance accordée à l’étudiante par les chercheurs suisses pour la soumission à une revue du calibre de Nature Communications. « C’était un pari risqué et coûteux : un refus oblige à tout reconfigurer pour une autre revue. » Pour l’enseignant-chercheur du laboratoire Biodiversité, gènes et communautés (BIOGECO2), publier en master recherche reste assez courant avec deux ou trois articles par an sur une promo de 15 étudiants. Publier en tant que première autrice, qui est la place la plus opérationnelle dans ce type de publication, dans une revue du groupe Nature est plus exceptionnel et augure, pour lui, du parcours passé et à venir prometteur de Zoé Bescond--Michel. « Je suis agréablement surpris d’un glissement vers un engagement de plus en plus fort de tous les étudiants en master pour l’environnement et l’écologie ces dernières années. »
Au départ, la jeune Bordelaise se voit plutôt vétérinaire. « Mais j’avais finalement plus envie d’étudier des animaux sauvages que de soigner des animaux malades en ville ». Après le lycée Gustave Eiffel à Bordeaux, direction l’université pour une licence en Sciences de la vie avec le rêve de faire un doctorat, même sans connaître tous les tenants et aboutissants du diplôme. L’étudiante enchaîne différents stages : à Toulouse sur le comportement des fourmis, dans la Vienne dans un centre de conservation de primates qui la convainc finalement que l’étude du comportement des animaux, l’éthologie, n’est peut-être pas pour elle. « Je trouvais ça un peu long d’observer toute la journée. » Elle intègre aussi quelques semaines l’association Zebrafish et l’équipe de Patrick Babin au laboratoire Maladies rares : génétique et métabolisme (MRGM3) pour un stage de médiation scientifique. Elle y découvre l’envie de partager la recherche avec le plus grand nombre. Hésitante, elle opte un moment pour un master professionnel, avant que la responsable de mention, Alexia Legeay, ne la redirige vers une spécialité recherche au vu de son parcours et ses envies initiales.
J’ai clairement fait le bon choix de partir à l’université de Bordeaux après le lycée, je me suis épanouie et j’ai trouvé le sujet qui m’intéressait.
Sa 3e année de licence prévue au Canada à Ottawa ayant été annulée à cause de la Covid, l’étudiante demande à faire sa première année de master à Linköping, cinquième ville de Suède. Là-bas, son goût pour l’écologie va s’affiner avec un stage de recherche sur les espèces invasives en mer Baltique. « Que se passe-t-il si l’on ajoute une nouvelle espèce - un crabe, une algue - dans l’écosystème ? » Elle vient de découvrir son sujet de prédilection ! Après avoir simplement cherché « espèces introduites » dans un moteur de recherche académique, elle tombe sur les travaux de Giovanni Vimercati, alors post-doctorant dans l’équipe du professeur d’écologie appliquée, Sven Bacher au département de biologie de l’université de Fribourg. Deux mails et quelques heures plus tard, la voilà embarquée pour un stage de six mois avec « une grande liberté dans la question de recherche ».
Elle invoque souvent la chance en évoquant son parcours. On y lit surtout une solide détermination. La même qui lui a permis de surmonter ses appréhensions face aux statistiques au cours de ses différents stages ou encore face à l’anglais. « Je me suis forcée à rester dans un groupe international lors de mes premiers jours en Suède et non avec les étudiants français. C’était dur mais au bout de 15 jours, j’ai eu le déclic de ne plus traduire ». La même détermination l’emmène, après le master, sac au dos, faire une pause à travers la Nouvelle-Zélande, les Fidji et l’Indonésie. Non sans avoir travaillé avant à Bordeaux pour financer son périple, notamment chez un célèbre glacier de la place Saint-Pierre (ses coups de cœur : citron-basilic, framboise, hibiscus !). « Je ne réalise toujours pas tout ce que j’ai appris là-bas » entre randonnées, plongées, séjours dans la jungle… avec le même attrait pour les questions de conservation.
Aujourd’hui, celle qui dit ne pas encore mesurer la portée de cette publication dans Nature Communications a repris la collaboration avec l’équipe de Sven Bacher, pour une thèse cette fois. Même sujet, plus d’espèces et surtout nouvel écosystème : les îles Galápagos, au large de l’Équateur, dans le Pacifique Sud. Elle étudiera – toujours dans le cadre d’une méta-analyse – cinq groupes d’espèces introduites : ongulés, rongeurs, fourmis et deux plantes (rosacées et verbénacées). Se rajoute en plus un travail de terrain aux Galápagos avec deux espèces : Lantana camara (une plante de la famille des verbénacées) et Solenopsis geminata (une fourmi). Les impacts collectés dans les méta-analyses de ces deux espèces permettront-ils de prédire les impacts au niveau local ? Ce sera l'un des enjeux de sa recherche. Elle revient d’un premier séjour de trois mois - le premier des quatre prévus. « C’est intense mais c’est top ! » explique-t-elle souriante, découvrant le travail en autonomie avec une étudiante, Paola Tatiana Flores Males, et un assistant de recherche, Manuel Mejía-Toro de l’université San Francisco de Quito et du Galapagos Science Center (photo ci-contre), pour choisir les sites de collecte des fourmis et des verbénacées étudiées pour l’année prochaine.
Zoé Bescond--Michel y découvre la culture équatorienne et un nouveau terrain de jeu idéal pour sa passion de la photo argentique, entre oiseaux, tortues terrestres et otaries. Et de conclure, « j’ai clairement fait le bon choix de partir à l’université de Bordeaux après le lycée, je me suis épanouie et j’ai trouvé le sujet qui m’intéressait ».
1EICAT : Environmental Impact Classification for Alien Taxa 2unité INRAE et université de Bordeaux 3unité Inserm et université de Bordeaux
Harms of introduced large herbivores outweigh benefits to native biodiversity
Zoé Bescond--Michel, Sven Bacher & Giovanni Vimercati
Nature Communications volume 16, Article number : 8260 (2025)
Lien vers la publication
zoe.bescond--michel%40unifr.ch
Chargée de communication scientifique
delphine.charles%40u-bordeaux.fr