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Mise à jour le : 26/03/2024
Camille Ménard est vétérinaire et directrice du Service commun des animaleries à l’université de Bordeaux. Garante du respect de la législation relative au recours aux animaux dans la recherche et la formation, elle s’engage jour après jour à travailler pour une science éthique et responsable. Un métier passion qu’elle exerce avec conviction.
«J’ai toujours voulu être vétérinaire. Au départ, je voulais soigner des vaches», raconte Camille Ménard, amusée. Si aujourd’hui, à 35 ans, elle se retrouve loin de ce qu’elle avait imaginé, la jeune femme originaire de Seine-et-Marne n’en est pas moins satisfaite de sa situation. En 2015, elle a été la première vétérinaire nommée à l’université de Bordeaux, une fonction rendue obligatoire par la règlementation de 2013 relative à l'utilisation des animaux à des fins scientifiques.
«Quand j’ai pris ce poste, tout était à mettre en place. Auparavant, après mon master en recherche animale pré-clinique et clinique, j’ai travaillé au sein d’une société privée spécialisée dans l’élevage de lapins pour laboratoires. Intégrer un service d’animaleries de recherche au sein d’une université correspondait vraiment à mes aspirations», explique la jeune femme, qui dirige le Service commun des animaleries de l'université de Bordeaux depuis mai 2020.
Ce service de 43 personnes comporte quatre animaleries hébergeant uniquement des rongeurs (souris et rats). «L’essentiel de mon travail en tant que vétérinaire relève de la prévention. Je m’assure que chaque animalerie fonctionne en conformité avec la règlementation et j’apporte des conseils afin de garantir la bonne santé et le bien-être des animaux, deux facteurs qui vont de pair avec une science de qualité. Lors des projets, l'un des objectifs majeurs est d’accompagner les équipes scientifiques et techniques pour prévenir et traiter les douleurs de l'animal. Le choix des molécules antidouleurs utilisées doit être adapté au cas par cas en fonction des procédures réalisées et des objectifs scientifiques de chaque projet de recherche.
Car une maladie, une douleur, un stress entraînent des modifications profondes et nombreuses des paramètres biologiques de l’animal. Prévenir leur survenue est un enjeu éthique et réglementaire, mais aussi scientifique dans la mesure où il faut éviter toute interférence avec les objets d’études. Je précise que l’anesthésie et l'analgésie sont obligatoires si le geste est invasif», détaille Camille Ménard.
À l’université de Bordeaux, ce sont environ 20 unités de recherche, principalement dans les domaines de la biologie et de la santé, qui font appel au Service commun des animaleries. Tout projet de recherche doit préalablement obtenir un avis favorable du comité d'éthique, puis une autorisation du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche, afin de pouvoir être réalisé.
Un suivi individuel est ensuite mis en place par la structure chargée du bien-être des animaux de l'animalerie, composée de personnels techniques, de chercheurs et de vétérinaires. «Nous aidons les chercheurs et les équipes d'animalerie au bon déroulement des projets ; ils sont tous très conscients des règles éthiques et sont d'ailleurs nombreux à s'engager dans le comité d'éthique au sein des structures dédiées», déclare la vétérinaire.
Au quotidien, les 30 soigneurs et techniciens mais aussi les ingénieurs et assistants ingénieurs du Service commun des animaleries, avec l'appui d'un service administratif et d'un service vétérinaire, veillent sur le bien-être des animaux. Ils assurent le bon fonctionnement des animaleries, 365 jours par an : ils élèvent, nourrissent, gèrent le suivi et prennent soin des animaux, participent aux projets et assurent l'entretien des locaux et du matériel. «Nous sommes très attentifs au profil des personnes que nous recrutons : savoir-être, rigueur et capacité à travailler en équipe sont indispensables. Ce sont des personnes passionnées par l’animal, avec de nombreuses compétences très précieuses. Leur travail est indispensable à la recherche universitaire dans de nombreux domaines de la biologie», insiste la jeune femme.
Je me sens plus utile au bien-être animal à l’université de Bordeaux qu'en travaillant dans un cabinet vétérinaire.
Très impliquée dans la cause du bien-être animal et investie dans son métier et son contexte professionnel, Camille Ménard est également présidente de l’Association française des sciences et techniques de l’animal de laboratoire. Cette association aide ses adhérents (450 professionnels, techniciens, responsables d'animaleries, chercheurs et vétérinaires) à partager et améliorer leurs pratiques quotidiennes pour s'assurer que leurs travaux sont mis en œuvre de façon à produire des résultats de qualité, tout en garantissant le respect et le bien-être des animaux. «Nous travaillons tous dans le même sens pour assurer une science éthique et de qualité. Le recours à l'animal reste encore aujourd'hui nécessaire. Même si des méthodes alternatives se développent à grande vitesse, elles ne permettent pas de s'affranchir du recours aux animaux. Ce sera peut être le cas avant la fin de ma carrière, mais nous en sommes encore loin. Et quoi qu’il en soit, j’aime toujours les vaches !» conclut-elle.
Tout citoyen a droit à une information complète et claire sur les raisons et les conditions de l’utilisation d’animaux à des fins scientifiques. C’est pour répondre à cet objectif qu’une base de données européenne a été créée.
En 2023, l’université de Bordeaux a souhaité s’engager plus fortement en signant la Charte de transparence sur le recours aux animaux à des fins scientifiques et réglementaires, qui affirme une volonté claire des signataires en matière d’information et d’échanges avec le public sur le recours aux animaux à des fins scientifiques.
L’université de Bordeaux rejoint ainsi un ensemble d’acteurs publics et privés de la recherche française, qui s’engagent depuis février 2021, sous l’égide du Gircor, à être plus transparents sur leur recours à l’expérimentation animale.
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