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Atelier olfactif : comment vous «sentez» vous ?

Mise à jour le :

Pour comprendre les facteurs qui influencent la perception olfactive comme l’humeur, le musée d’ethnographie de l'université de Bordeaux propose des ateliers jusqu’à mai, dédiés à un programme de sciences participatives. Immersion dans l'atelier proposé par Inès Elali, doctorante à l’Institut des sciences de la vigne et du vin.

Photo : Plusieurs échantillons odorants sont proposés pendant l'atelier  © université de Bordeaux
Plusieurs échantillons odorants sont proposés pendant l'atelier © université de Bordeaux

« Replongez-vous dans votre humeur de la semaine passée » demande Inès Elali, doctorante en analyse sensorielle au laboratoire d'Œnologie à l'Institut des sciences de la vigne et du vin (ISVV – INRAE, Bordeaux INP et université de Bordeaux). A l’aide de différents questionnaires d’auto-évalutation, l’atelier « Dis-moi ce que tu sens, je te dirai comment tu vas : comment notre humeur influe-t-elle sur nos perceptions olfactives et gustatives ? » commence. Nous nous se replongeons dans nos perceptions de la semaine passée : fatigue, sensibilité aux odeurs, hyperactivité

Face aux murs de la salle du musée d’ethnographie de l'université de Bordeaux et dos aux autres participantes, l’heure est à l’introspection. En prêtant attention à l’humeur des participants et leur description des odeurs, la scientifique souhaite comprendre son influence sur les perceptions olfactives et gustatives. Son étude pourrait permettre de mieux comprendre l’expérience en dégustation de chacun et chacune, novice ou expert.

10 secondes montre en main, chacun des participants se plonge dans les différentes effluves proposées. « Top. Stop. » Les échantillons odorants se succèdent. Odeur végétale, florale, épicée. Goût acide, doux, âpre… « Sentez votre peau pour remettre votre odorat à zéro » conseille la doctorante, « C’est l’odeur la plus neutre pour votre nez ! » Le nez dans le verre, la concentration doit être rapide. A quoi nous fait penser cette odeur ? Comment la décrire ? « Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses, restez concentrés sur vos sensations » rassure la doctorante. Difficile de se faire confiance et de se sentir légitime lorsque les mots ne viennent pas pour décrire les odeurs, presque imperceptibles pour certaines.

Pour aller plus loin sur l'entraînement de son nez

« Nous avons presque tous et toutes la même représentation mentale, mais certains ont plus de termes et d’outils pour les décrire ». La capacité d’identification se travaille et les œnologues apprennent, pendant leur formation, le vocabulaire pour décrire leur perception. Les experts eux même n’utilisent pas forcément les mêmes mots. « Cela dépend de leur origine, de leurs habitudes alimentaires et de leur profession ». Aussi, un cuisinier aura tendance à décrire les senteurs avec des noms d’aliments quand les parfumeurs donneront directement le nom de la molécule odorante.

En fin d’atelier, des bouteilles de vin sont présentées dans des chaussettes noires. « La forme, les écritures et l’aspect de l’étiquette peuvent vraiment influencer la perception des odeurs » explique la scientifique. Il s’agit de décrire la complexité du vin et les arômes décelés. Les participants échangent sur leurs impressions, souvent divergentes ! « Vos interprétations vous sont propres, la perception est une image personnelle » rappelle-t-elle. La scientifique explique que le contexte de la dégustation influence notre appréciation hédonique. Tout peut impacter les sens. C’est ce que décrit le paradoxe du rosé de Provence. « Vous sirotez votre rosé avec des amis devant un paysage sous un coucher de soleil, vous en achetez une bouteille et une fois rentré chez vous, seul, le rosé n’a pas la même saveur ! ». La doctorante donne plusieurs autres anecdotes instructives, basées sur des publications scientifiques. « La musique écoutée pendant la dégustation peut être un atout : certains châteaux viticoles composent des musiques en fonction de leur grands crus ». Aussi le pinot noir pourrait s’accorder avec les notes de Mozart, le cabernet sauvignon avec les Doors… Mais ces facteurs sont également personnels. Génétique, sexe, âge, consommation de cigarette… la perception sensorielle dépend des différences et particularités de chacun et chacune. Il peut arriver de sentir une odeur que d’autres ne sentent pas. C’est le cas de la β-ionone qui fait partie des molécules odorantes de la violette et que 50 % de la population ne peut pas sentir. Effectivement, nous n’étions pas tous capables de percevoir l’odeur de l’échantillon. « Nous avons tous des anosmies spécifiques dont nous n’avons pas conscience, parfois, seuls les experts connaissent les odeurs qu’ils ne peuvent pas discerner ». La seule solution pour être conscient de ce sens si particulier, est d’entraîner son nez !

Pour en savoir plus et participer aux ateliers

Pour connaitre et se retrouver face à son odorat tout en participant à une étude scientifique, ces ateliers sont pour toutes et tous ! (Pour toute personnes agées de plus de 18 ans)

Jusqu’à mai, deux ateliers différents de sciences participatives, sont proposés pendant 2h au musée d’ethnographie de l'université de Bordeaux, pour faire découvrir le monde des odeurs et des saveurs. L’atelier cité ci-dessus, proposé par la doctorante Inès Elali, a encore lieu le mardi 28 février, 14 mars, 4 avril, 25 avril et 23 mai.

Celui de Sophie Tempère, enseignante-chercheuse au laboratoire d'Oenologie, explique le fonctionnement de l’odorat en donnant des clefs pour éduquer sa perception des odeurs, est ouvert le lundi 27 février, 13 mars, 3 avril, 24 avril et 22 mai.

Inscription aux ateliers

Contact

  • Elali Inès

    Chercheuse au laboratoire d'Oenologie

    ines.elali%40u-bordeaux.fr

  • Lou Deny

    Chargée de communication scientifique de l'université de Bordeaux

    lou.deny%40u-bordeaux.fr